mardi 1 mars 2016

Le sens du terme « Doth »

ב״ה

Étymologie des mots dans la Langue Sainte

Le sens du terme « Doth »


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Le terme דָּת « Doth » apparaît plus ou moins vingt fois dans la Maghillath `astér. C'est un mot d'origine persane, et non hébraïque comme beaucoup pourraient le penser (comme nous l'avions expliqué, la Maghilloh est riche de mots étrangers persans, araméens ou akkadiens qui furent adoptés par les Israélites de l'empire perse, qui est le lieu où s'est déroulée l'histoire de Pourim.) Tout au long du texte, il a le sens de « loi » ou « coutume ». Par exemple, lorsqu'il est rapporté au Chapitre 1 que `ahashwérôsh organisa une grande fête où tout le monde pouvait boire autant de vin qu'il ne désirait, le texte nous dit וְהַשְּׁתִיָּה כַדָּת « Wahishathiyoh Khaddoth – et on buvait conformément au Doth »1, c'est-à-dire, suivant la coutume. Et après que Washti refusa de se présenter devant le roi, ce dernier demanda à ses conseillers כְּדָת, מַה-לַּעֲשׂוֹת, בַּמַּלְכָּה « Kaddoth Mah La´asôth Bammalkoh – Selon le Doth, que faire avec la reine ? »2, c'est-à-dire ici, que faire avec elle d'après loi. Ainsi, le terme « Doth » est parfois employé dans le sens de « loi », et à d'autres occasions dans celui de « coutume ». Tout dépendra du contexte.

Plus tard, dans l'Hébreu rabbinique (celui qui a servi à rédiger la Mishnoh, le Mishnéh Tôroh et d'autres textes), le mot « Doth » a reçu la signification de « religion ». Mais nos Sages n'ont jamais abandonné son sens originel persan de « coutume » ou « loi » ; ils ont simplement ajouté un troisième sens, car il n'existait pas de mot hébreu pour dire « religion ». L'ajout de ce sens n'est pas du tout problématique. Le Judaïsme étant une religion de lois et de coutumes, « Doth » peut donc souvent avoir ces trois sens à la fois. Par exemple, lorsqu'au moment des fiançailles le fiancé donne à la fiancée un objet précieux qui va permettre de contracter les fiançailles3 en lui disant la formule הֲרֵי אַתְּ מְקֻדֶּשֶׁת לִי בְּטַבַּעַת זוֹ כְּדָת מֹשֶׁה וְיִשְׂרָאֵל « Voici que tu m'es consacrée par cet anneau conformément au Doth de Môshah et Yisro`él », on peut très bien interpréter cette phrase comme voulant dire « conformément à la coutume de Môshah et Yisro`él », « conformément à la loi de Môshah et Yisro`él », ou « conformément à la religion de Môshah et Yisro`él ». Dans d'autres contextes, cependant, « religion » est la seule traduction possible en Hébreu rabbinique. Par exemple, lorsque le Talmoudh parle d'une certaine Miryom bath Bilgoh qui changea sa Doth, puis se maria à un officier qui servait un roi Grec, il est évident que « Doth » ne peut être compris que dans le sens de « religion » ; elle abandonna le Judaïsme pour adopter la religion du mari Gôy qu'elle désirait épouser. C'est pour cela qu'en Hébreu moderne, « religieux » se dit דָּתִי « Dothi ». Mais comme cela a été dit plus haut, même en Hébreu rabbinique, le terme « Doth » peut conserver, suivant les contextes, son sens originel persan. Par exemple, lorsque le Midhrosh rapporte que Dieu proposa aux nations du monde (avant les Israélites) de leur donner la Tôroh et qu'elles ont répondu « Nous ne voulons pas de Ta Tôroh, parce que nous ne pouvons abandonner le Doth de nos ancêtres », le terme « Doth » se comprend évidemment par « coutume ».

Tout le monde s'accorde à dire que le terme « Doth » provient du mot persan דָּתָא « Dotho` » (qui est employé tel quel dans les livres de ´azro` et Doniyé`l4).

1`astér 1:8
2Ibid., verset 15
3Bien qu'à notre époque il s'agit généralement d'une bague en or placée au doigt de la fiancée, il peut en réalité s'agir de n'importe quel objet précieux que l'on souhaite donner à la fiancée pour contracter les fiançailles, comme par exemple es bijoux, de l'argent, des vêtements coûteux, etc.

4Voir, par exemple, Doniyé`l 2:15
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