ב״ה
Le
sionisme & les Harédhim
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Je
reçois beaucoup de questions sur la position des Harédhim
sur le sionisme, quelles sont les communautés Harédhim
sionistes, celles qui ne le sont pas, quelle est la position de tel
ou tel rabbin Harédhi vis-à-vis du sionisme, etc. Comme
c'est le cas pour de nombreux sujets, il n'existe pas une position
commune, et l'attitude Harédhi à l'égard du sionisme
variera drastiquement d'une communauté à l'autre, voire même d'une
personne à une autre au sein de la même communauté.
De
façon générale, il existe cinq façons différentes de percevoir
le sionisme. Il est important de bien comprendre ces cinq
perspectives afin de notamment pouvoir savoir où se situe exactement
les rabbins et communautés Harédhim sur cette question. Il
convient de signaler qu'une personne peut très bien se trouver entre
deux « camps », ou passer d'une perspective à une autre.
De même, on peut très bien adhérer à un groupe sans en partager
tous les points doctrinaux concernant le sionisme.
- Premier groupe
Les
membres du premier groupe considèrent le sionisme comme étant une
manifestation des forces du mal. Ils croient sincèrement que le
sionisme est responsable de la plupart des maux qui assaillent le
Judaïsme et les Juifs, et qu'après « l'Holocauste »
HaShem ית׳
aurait
fait venir le Moshiah si les sionistes ne se seraient pas
emparés de la Terre Sainte et déclaré la création d'un état. En
`aras Yisro`él, ils refusent toute collaboration avec l’État,
qu'ils ne reconnaissent pas, ainsi que d'être financés de quelque
façon par lui. Les membres de ce groupe incluent les deux factions
de Satmar (les Zalmanim et les Ahronim), Nétouréi Karta, et
d'autres communautés composant la ´édhoh
HaHarédhith.
- Deuxième groupe
Les
membres du deuxième groupe voient le sionisme de façon négative,
mais sont prêts à collaborer politiquement avec eux, et ne
contestent pas la légitimité de l’État depuis qu'il a été
fondé, car ils l'acceptent comme un fait irréversible (bien qu'ils
s'opposaient à un « état juif » avant qu'il y en ait
un). En `aras Yisro`él, ils « se bouchent le nez »,
pour ainsi dire, et se joignent sans problème aux partis sionistes
et d'autres pour former des coalitions gouvernementales. Ils
acceptent les fonds du gouvernement israélien, et en fait, ils
recherchent activement à en recevoir. Dans le même temps, ils ne
célèbrent pas les fêtes sionistes. Les membres de ce groupe
incluent des communautés affiliées de la World Agudath Israel, une
organisation internationale regroupant diverses communautés de
Harédhim hassidiques (comme par exemple, Gour ou Belz)
et Litvaqim.
- Troisième groupe
Les
membres de ce groupe sont des soutiens inconditionnés de l’État
d'Israël. Ils font des dons à l’État, prient pour le bien-être
des soldats israéliens, et un petit pourcentage d'entre eux, s'ils
vivent en `aras Yisro`él, s'enrôlent dans Tsahal (le
bataillon « Nahal Harédhi » inclut
majoritairement des Harédhim de ce groupe-ci). L'écrasante
majorité des Harédhim américains oscillent entre les
groupes 2 et 3, mais penchent plus vers le groupe 3. La majorité des
Rébbé`im des membres du groupe 3 appartenaient précédemment au
groupe 2, et certains faisaient même partie du groupe 1. Les membres
du groupe 3 n'ont pas de nom, et préfèrent simplement être
identifiés en tant que Harédhim.
- Quatrième groupe
Les
membres de ce groupe considèrent le sionisme comme le רֵאשִׂית
צְמִיחַת גְּאֻלָּתֵנוּ
« Ré`shith
Samihath Ga`oullothénou – début du germe de notre
rédemption ». Ils soutiennent que le mouvement sioniste est
l'instrument qu'HaShem utilisera pour amener la rédemption
messianique. Par conséquent, ils récitent le Hallél avec une
bénédiction au jour de l'indépendance de l’État d’Israël.
Néanmoins, ils s'opposent à la nature séculière de l’État
d'Israël, et beaucoup d'entre eux aspirent même à instaurer un
« état halakhique », c'est-à-dire ayant pour seule
constitution la Tôroh et la Halokhoh, comparable au Royaume de
Dowidh Hammalakh ע״ה
et
Shalômôh Hammalakh ע״ה.
Les membres de ce groupe sont des Juifs totalement pratiquants. Ce
groupe est appelé חַרְדָּ"ל
« Hardo''l »,
qui est un acronyme de חַרֵדִי
דָתִי לְאוּמִּי « Harédhi
Dhothi La`oummi – Harédhi religieux nationaliste ».
Il est très populaire auprès des colons.
- Cinquième groupe
Les
membres de ce groupe considèrent également, comme ceux du
précédent, que le sionisme est le début du germe de la rédemption
du peuple d'Israël, mais sont moins stricts dans leur pratique
religieuse que les membres de tous les autres groupes susmentionnés.
Ils ne se décrivent pas comme « Hardo''l », mais
simplement comme דָּתִי
« Dothi
– religieux ». Les hommes porteront une Kippoh, mais pas
nécessairement des Sisith. Ils respectent le Shabboth
en ce qu'ils s'abstiennent des Malo`khôth explicites, mais ne
s'interdisent pas forcément ce qui est techniquement permis mais
seulement déconseillé (par exemple, l'écrasante majorité des
Pôsqim s'accordent pour dire que regarder la télévision à
Shabboth n'est la transgression d'aucune Malo`khoh, mais n'approuvent
pas la pratique car ils estiment que cela va à l'encontre de
l'esprit du Shabboth, ou que l'on peut la classer dans la catégorie
des « activités de semaine ». Ainsi, un Dothi pourrait
regarder la télévision, tout en respectant les interdits explicites
du Shabboth). Ils respectent également la Kashrouth.
- Interaction entre ces cinq groupes
Les
membres du groupe 1 s'en prennent souvent à ceux du groupe 3,
principalement en `aras Yisro`él, tout en épargnant ceux du
groupe 2. C'est ainsi Nétouréi Karta
ou Natruna ne
critiqueront jamais frontalement la Agudat
Israel, ni les partis politiques Harédhim israéliens,
préférant prêcher, à qui voudrait bien l'entendre, que « les
Harédhim ne sont pas sionistes », ce que nous avons
montré ci-dessus comme étant faux !
Il
existe de nombreux prétendus « Gadhôlim » qui sont,
dans l'imaginaire populaire, associés au groupe 2, alors qu'en fait
ils appartiennent au groupe 3. Un exemple classique est le Rov
`éliyohou Mé`ir Blokh, de la Yashivoh Litvaq de Telz. Il
faisait certainement partie du groupe 3, en raison de son insistance
pour que les gens participent en masse à la journée de parade pour
Israël, organisée chaque année aux États-Unis. Il prit également
régulièrement la parole lors d'événements organisés aux
États-Unis en l'honneur du jour de l'indépendance de l’État
d'Israël.
En
réalité, de nombreux prétendus « Gadhôlim » du groupe
3 évitent de s'exprimer trop ouvertement afin de ne pas s'aliéner
leurs collègues du groupe 2.
De
nombreux membres du groupe 2 évitent avec soin de lire les ouvrages
associés aux membres du groupe 4.
En
`aras Yisro`él, les membres du groupe 3 n'ont pas
d'infrastructures significatives. Ils n'ont pas de systèmes
scolaires (contrairement aux autres groupes) et n'ont pas vraiment de
communautés dans lesquelles se caser, en raison notamment du fait
qu'ils sont très mal perçus par la communauté Harédhi en
général. Ils enrôlent fréquemment leurs enfants dans des écoles
affiliées au groupe 2. Mais si leurs enfants reviennent à la maison
avec des critiques antisionistes enseignées à l'école, certains
parents affiliés au groupe 3, selon leur degré de frustration,
pourraient soit les enrôler alors dans des écoles situées entre le
groupe 2 et 3 (c'est-à-dire, moins ouvertement antisionistes),
immigrer aux États-Unis (où il y a un système scolaire pour les
personnes du groupe 3), ou encore carrément les enrôler dans une
école du groupe 4.
Si
quelqu'un identifie un pseudo « Godhôl » comme
appartenant au groupe 3, les membres du groupe 2 pourraient se mettre
en colère et accuser de « Loshôn Hora´ » l'auteur
d'une telle affirmation (en dépit des faits). Malgré leurs
protestations, il est clair et évident que des prétendus
« Gadhôlim » comme le Rov Savi Pésah
Frank, le Rov `éliyohou Mé`ir Blokh, ou encore le Rov `aharôn Leib
Shteinman, font partie du groupe 3. Même le Rov Hayim
Kanievsky, qui à l'origine était plus proche du groupe 2, a jeté
son dévolu sur le Rov Shteinman, parce que son beau-père, le Rov
Yôséf Sholôm Eliashiv soutenait Shteinman. Ainsi, même lui peut
être intégré dans le groupe 3.
Comme
cela a été dit plus haut, il est possible pour quelqu'un d'hésiter
entre différents groupes. Par exemple, d'éminents rabbins, avant la
Seconde Guerre Mondiale, étaient plus proches du groupe 1 que du
groupe 2, mais ont plus tard fini par être de grands adhérents au
groupe 2.
Voilà
comment nous pouvons résumer les différentes attitudes du monde
Harédhi concernant le sionisme, qui vont de
l'ultra-antisionisme au sionisme religieux radical. Excepté ceux des
groupes 4 et 5, qui ne s'habillent généralement pas en vêtements
Harédhim, ne cherchez pas la différence dans l'habillement,
car les Harédhim tendent à s'habiller de plus en plus de
façon identique, qu'il s'agisse de Mithnagdim/Litvaqim (opposants au
Hassidisme) ou de Hasidhim. Leurs différences se
trouvent dans l'idéologie, la pratique religieuse, et la manière de
percevoir le monde extérieur.