dimanche 10 mai 2015

Coutumes et lois des Juifs du Yémen, des Talmidhé HaRambam et des Dôr Da´im : Sixième Partie

בס״ד

Coutumes et lois des Juifs du Yémen, des Talmidhé HaRambam et des Dôr Da´im

Pour (re)lire la :

4. Les coutumes relatives à la lecture de la Tôroh
ד. ממנהגי הקריאה בתורה

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La lecture de la Tôroh et de la Haftoroh se fait avec le Targoum. De façon générale, ils ont la coutume qu'un enfant soit le lecteur du Targoum. Quiconque monte [à la Tôroh] peut procéder à la lecture en s'aidant des « signes » du Hozzon.
קריאת התורה וההפטרה עם תרגום. בד"כ נוהגים שילד הוא הקורא את התרגום. כל עולה קורא את הקריאה שלו בסיוע "סימנים" של החזן

La lecture de la Tôroh et de la Haftoroh se fait avec le Targoum : C'est-à-dire, avec quelqu'un chargé de traduire chaque verset de la Tôroh ou de la Haftoroh lu par le lecteur, conformément aux instructions données dans la Mishnoh elle-même. En effet, voici ce qui est dit dans la Mishnoh :

Maghilloh 4:4
Celui qui lit dans la Tôroh [ne lit] pas moins de trois versets. Il ne lira pas pour le traducteur plus d'un verset [à la fois], et dans le prophète1 [pas plus de] trois [versets à la fois]. Si ces trois [versets forment] trois sections [différentes], ils les lisent un à un. Ils peuvent omettre dans le prophète, mais ils ne peuvent pas omettre dans la Tôroh. Et jusqu'où peut-il omettre ? Tant que le traducteur ne s'interrompt pas.
הקורא בתורה לא יפחות משלשה פסוקים. לא יקרא למתרגמן יותר מפסוק אחד, ובנביא שלשה. היו שלשתן שלש פרשיות, קורין אחד אחד. מדלגין בנביא ואין מדלגין בתורה. ועד כמה הוא מדלג, עד כדי שלא יפסוק התרגמן

Ces instructions sont rapportées et développées par le Rambam זצ״ל dans son Mishnéh Tôroh, où il écrit ceci :

Hilkhôth Tafilloh Ouvirkhath Kôhanim 12:10-11
10. Depuis l’époque de ´Azro`, ils2 ont pris l’habitude qu’il y ait un interprète qui traduise pour la communauté ce que le lecteur lit dans la Tôroh, afin qu’ils3 comprennent le sujet des paroles [lues. Ainsi,] le lecteur lit uniquement un verset, reste silencieux jusqu’à ce que l’interprète l’ait traduit, puis il lit un second verset. Le lecteur n’a pas le droit de lire plus d’un verset à l’interprète4.
י  מימות עזרא נהגו שיהא שם תורגמן מתרגם לעם, מה שהקורא קורא בתורה--כדי שיבינו, עניין הדברים. והקורא קורא פסוק אחד בלבד, ושותק עד שיתרגם אותו התורגמן; וחוזר וקורא פסוק שני. ואין הקורא רשאי לקרות לתורגמן, יתר מפסוק אחד
11. Le lecteur n’a pas le droit d’élever plus la voix que l’interprète, et l’interprète ne doit pas élever plus la voix que le lecteur. L’interprète n’a pas le droit de traduire avant que le lecteur ait terminé [la lecture du] verset. Le lecteur n’a pas le droit de commencer un autre verset avant que l’interprète ait terminé sa traduction. L’interprète ne doit pas s’appuyer sur un pilier ou sur une poutre, mais se tient debout, empreint de peur et de crainte. Il ne doit pas traduire à partir d’un texte écrit, mais traduit par cœur. Le lecteur n’a pas le droit d’aider l’interprète, afin que l’on ne dise pas : « la traduction est écrite dans la Tôroh ». Une personne de moindre envergure peut servir d’interprète pour une personne de plus grande envergure, mais il n’est pas respectueux pour une personne de plus grande envergure de servir d’interprète pour une personne de moindre envergure. Il ne doit pas y avoir deux traducteurs ; plutôt, une personne lit, et une personne traduit.
יא  אין הקורא רשאי להגביה קולו, יתר מן המתרגם; ולא יגביה המתרגם קולו, יתר מן הקורא. ואין המתרגם רשאי לתרגם, עד שיכלה הפסוק מפי הקורא; ואין הקורא רשאי לקרות פסוק אחר, עד שיכלה התרגום מפי המתרגם. ואין המתרגם נשען לא לעמוד ולא לקורה, אלא עומד ביראה ואימה; ולא יתרגם מתוך הכתב, אלא על פה. ואין הקורא רשאי לסייע לתורגמן, שלא יאמרו תרגום כתוב בתורה. והקטן מתרגם על ידי הגדול, ואינו כבוד לגדול שיתרגם על ידי הקטן. ולא יהיו המתרגמין שניים כאחד, אלא אחד קורא ואחד מתרגם

Telle est également la pratique des Talmidhé HaRambam et Dôr Da´im. De nos jours, dans de nombreuses synagogues où la Paroshoh et la Haftoroh ne sont plus traduites, la plupart des gens ne savent et ne comprennent pas même ce qui est lu. Et puisqu'ils ne comprennent pas un mot de ce qui est lu, beaucoup s'endorment, parlent ou font toute autre chose durant la lecture de la Tôroh et de la Haftoroh. La suppression de la traduction systématique de la Paroshoh et de la Haftoroh est principalement due au fait que la Tôroh se lit désormais selon un cycle d'un an, alors que dans les temps passés de nombreuses communautés lisaient la Tôroh suivant un cycle de trois ans et demi (et telle était la norme en Palestine, en Égypte et d'autres localités). Le fait de lire la Tôroh selon un cycle d'un an a pour résultat de rallonger la longueur des Parashiyôth. Si les Parashiyôth sont très longues, le temps de la lecture sera davantage rallongé si on devait en plus traduire un à un chaque verset. Par conséquent, la traduction systématique des versets de la Paroshoh et de la Haftoroh fut supprimée. Il convient de noter que la division des Parashiyôth que nous avons aujourd'hui ne provient absolument pas de nos Sages, mais fut fixée du temps des Ga`ônim. La seule chose qu'ont exigé HaZaL est que chaque lecteur doit lire au moins trois versets. (Voir la Mishnoh susmentionnée, ainsi que le Rambam dans Hilkhôth Tafilloh Ouvirkhath Kôhanim 12:3.) Par conséquent, il y a un minimum de vingt-et-un versets à lire chaque Shabboth à la Synagogue (puisqu'il y a sept lecteurs, trois versets minimum par lecteur équivaut à minimum vingt-et-un versets par Shabboth). Il n'est pas nécessaire de lire de longues Parashiyôth comme celles d'aujourd'hui, qui fatiguent plus qu'autre chose. En outre, les Parashiyôth d'aujourd'hui sont tellement longues qu'il est impossible de couvrir l'intégralité des sujets qui y sont traités.

ils ont la coutume qu'un enfant soit le lecteur du Targoum : C'est-à-dire, ils permettent à un enfant de remplir le rôle de l'interprète. Et cela est tout à fait permis par la Mishnoh elle-même, qui tranche ceci : קטן קורא בתורה ומתרגם « un mineur peut lire dans la Tôroh et traduire ».5

Quiconque monte [à la Tôroh] peut procéder à la lecture en s'aidant des « signes » du Hozzon : Le Hozzon est souvent placé à côté du lecteur et peut lui faire des signes pour lui indiquer quand monter la voix, là où un verset s'arrête, quand une syllabe doit être rallongée, etc.

Il convient de signaler que contrairement à la pratique de la majorité des Juifs, où une seule personne lit pour chaque individu qui monte à la Tôroh, chez les Juifs yéménites c'est celui qui est appelé à la Tôroh qui lit lui-même le texte. Et telle est également la pratique des Talmidhé HaRambam et Dôr Da´im. Et dans le cas où une seule personne de la communauté saurait lire dans le rouleau, voici ce que dit le Rambam :

Hilkhôth Tafilloh Ouvirkhath Kôhanim 12:17
Si, dans une communauté, seule une personne sait lire [la Tôroh], elle monte et lit [un passage], descend, puis, remonte et lit une seconde, une troisième [fois, et ainsi de suite,] jusqu’à ce qu’elle termine le compte de toutes les montées du jour.
ציבור שלא היה בהם יודע לקרות אלא אחד--עולה וקורא ויורד ויושב, וחוזר וקורא שנייה ושלישית, עד שיגמור מניין הקוראים של אותו היום

La pratique d'aujourd'hui qui consiste à appeler sept personnes différentes à la Tôroh, alors que ce ne sont pas elles qui lisent mais un Ba´al Qôréh qui lit pour elles, n'est pas du tout valable d'un point de vue halakhique. Si une personne est appelée à la Tôroh c'est qu'elle sait lire elle-même dans la Tôroh et devra donc elle-même lire dans la Tôroh. Mais s'il n'y a que le Ba´al Qôréh qui sache lire dans la Tôroh, on n'appellera pas sept personnes différentes pour que le Ba´al Qôréh lise pour elles, mais on accordera plutôt les sept montées au Ba´al Qôréh lui-même !

Un mineur qui sait lire et sait vers qui est-ce qu'on bénit peut monter [à la Tôroh] parmi le nombre des lecteurs, que ce soit pour la troisième [montée] ou la septième. Dans de nombreuses Synagogues ils ont la coutume de particulièrement réserver la sixième montée à un mineur.
קטן היודע לקרוא ויודע למי מברכים עולה ממניין הקרואים בין לשלושה בין לשבעה. נהוג בבתי-כנסת רבים ליחד את עליית ששי לקטן

Un mineur qui sait lire : Dans un rouleau de la Tôroh.

et sait vers qui est-ce qu'on bénit : C'est-à-dire, il comprend que c'est HaShem que nous prions et que c'est à Lui que sont adressées nos bénédictions.

peut monter [à la Tôroh] parmi le nombre des lecteurs : Conformément à la Mishnoh susmentionnée, qui permet non seulement à un mineur de traduire les versets de la Tôroh ou de la Haftoroh pour la communauté, mais également de compter parmi les lecteurs. C'est également la pratique des Talmidhé HaRambam et Dôr Da´im, contrairement à la majorité des communautés juives qui prétendent que seul un « Bar Miswoh » (un garçon âgé d'au moins treize ans) pourrait être appelé à la Tôroh ! (Voir l'article suivant, où nous avions montré que la « Bar Miswoh » et les pratiques qui y sont associées n'ont aucune source dans notre tradition, et qu'un enfant pouvait accomplir quelque Miswoh qu'il désire avant même l'âge de treize ans.)

Lorsqu'il est nécessaire de lire dans deux rouleaux de la Tôroh, ils sortent alors le deuxième rouleau de la Tôroh après que le premier a été ramené [dans l'arche]. Et au moment où le [deuxième] rouleau de la Tôroh est ramené [vers] l'arche ils disent le Psaume « Hashomayim Masapparim Kavôdh `Él ». Lorsque la lecture dans le premier rouleau a été achevée, ils disent le « Qaddish », et lorsqu'ils ramènent [vers l'arche] le deuxième rouleau ils disent le « Qaddish », qui sera aussi le « Qaddish » pour Mousof.
כאשר צריך לקרוא בשני ס"ת אזי מוציאים את ס"ת השני לאחר החזרת הראשון. ובזמן החזרת ס"ת אומרים את המזמור "השמים מספרים כבוד אל". בגמר הקריאה בספר ראשון אומרים קדיש וכשמחזירין את הספר השני אומרים קדיש והוא גם קדיש למוסף

Lorsqu'il est nécessaire de lire dans deux rouleaux de la Tôroh : Comme par exemple à Shabbôth Rô`sh Hôdhash, Shabboth Yôm Tôv, Shabboth Hanoukkoh, etc. C'est-à-dire, les Shabbothôth spéciaux où, en plus de la Paroshoh de la semaine, on doit lire également un passage relatif à la fête qui est tombée ce Shabboth-là.

ils sortent alors le deuxième rouleau de la Tôroh après que le premier a été ramené [dans l'arche] : Telle est également la pratique des Talmidhé HaRambam et Dôr Da´im, contrairement à la majorité des Juifs, qui sortent le deuxième rouleau alors que le premier n'a pas été ramené dans l'arche, et ramènent les deux rouleaux vers l'arche à la fin de la Haftoroh.

Et au moment où le [deuxième] rouleau de la Tôroh est ramené [vers] l'arche ils disent le Psaume « Hashomayim Masapparim Kavôdh `Él » : C'est-à-dire, le Tahillim 19. Tout dépendra de la pratique de chaque communauté.

Lorsque la lecture dans le premier rouleau a été achevée, ils disent le « Qaddish » : Telle est également la pratique des Talmidhé HaRambam et Dôr Da´im de réciter le Qaddish à la fin de la dernière montée à la Tôroh, contrairement à la pratique de la majorité des communautés juives où le Qaddish est récitée après la sixième des sept montées à la Tôroh.

et lorsqu'ils ramènent [vers l'arche] le deuxième rouleau ils disent le « Qaddish », qui sera aussi le « Qaddish » pour Mousof : C'est-à-dire, le Qaddish récité après la fin de la lecture dans le deuxième rouleau de la Tôroh servira à la fois pour marquer la fin de l'office du matin et le début de l'office de Mousof. Il convient néanmoins de préciser que le Talmoudh ne dit pas du tout que l'office de Mousof doit être fait immédiatement après l'office de Shaharith. En fait, la seule raison pour laquelle ces deux offices ont été combinés est afin de ne pas devoir faire revenir les gens à la Synagogue pour prier Mousof. Mais il est tout à fait permis de prier Shaharith, puis rentrer chez soi après la lecture de la Tôroh et revenir à la Synagogue pour prier Mousof, ou encore de prier Shaharith, marquer une pause (par exemple pour faire le Qiddoush et prendre le repas de Shabboth) et prier tout de suite après Mousof.

Et lorsqu'ils sortent trois rouleaux de la Tôroh : après que la lecture dans le premier rouleau a été achevée, ils disent le « Qaddish » [et] le ramènent [vers l'arche], puis ils sortent le deuxième rouleau et après qu'ont ait lu dedans ils le ramènent [vers l'arche] mais ne disent pas le « Qaddish », puis ils sortent le troisième rouleau de la Tôroh et lorsqu'ils le ramènent [vers l'arche] on dit le « Qaddish », qui est le « Qaddish » de Mousof.
כשמוציאים שלושה ס"ת: בגמר הקריאה בספר הראשון אומרים קדיש, מחזירים אותו, ומוציאים ספר שני ולאחר הקריאה בו מחזירים אותו ואין אומרים קדיש ומוציאים ספר שלישי וכשמחזיר אותו אומר קדיש והוא קדיש של מוסף

Concernant les bénédictions de la Haftoroh qui se font après la lecture de la Haftoroh, la deuxième bénédiction est celle [qui commence par] « Rahém ´Al Siyyôn », et ils la concluent [par] « Boroukh `Attoh `Adhônoy Bônéh Yarousholoyim ». La troisième bénédiction est celle [qui commence par] « `Ath Samah Dowidh Mahéroh Thasmiah » et ils n'y mentionnent pas `Éliyohou Hannovi`.
בברכות ההפטרה שלאחר קריאת ההפטרה הברכה השניה היא "רחם על ציון" וחותמים את הברכה "ברוך אתה ה' בונה ירושלים". הברכה השלישית היא "את צמח דוד מהרה תצמיח" ואין מזכירים בה את אליהו הנביא

la deuxième bénédiction est celle [qui commence par] « Rahém ´Al Siyyôn », et ils la concluent [par] « Boroukh `Attoh `Adhônoy Bônéh Yarousholoyim » : Contrairement aux autres communautés où cette bénédiction se conclut par ברוך אתה ה' משמח ציון בבניה « Boroukh `Attoh `Adhônoy Masamméah Siyyôn Bavonaoh ».

La troisième bénédiction est celle [qui commence par] « `Ath Samah Dowidh Mahéroh Thasmiah » : Les autres communautés juives la font commencer par les mots שמחנו ה׳ אלהינו באליהו הנביא עבדך « Sammahénou `Adhônoy `Alôhénou Ba`Éliyohou Hannovi` ´Avdokh/´Avdékho ».

et ils n'y mentionnent pas `Éliyohou Hannovi` : Car cette bénédiction fut à la base composée en l'honneur de Dowidh Hammalakh ע״ה.

Lors d'un Rô`sh Hôdhash qui tombe un Shabboth, ils concluent la dernière bénédiction par « Méqaddésh Hashabboth WaYisro`él Ouro`shé Hôdhoshim ». Lors d'un Hôl Hammô´édh qui tombe un Shabboth, ils concluent la dernière bénédiction par « Méqaddésh Hashabboth WaYisro`él Wahazzamannim ».
בר"ח שחל בשבת חותמים את הברכה האחרונה במקדש השבת וישראל וראשי חודשים. בחוה"מ שנופל בשבת חותמים את הברכה האחרונה במקדש השבת וישראל והזמנים

ils concluent la dernière bénédiction : C'est-à-dire, la quatrième bénédiction récitée après la lecture de la Haftoroh.

Il convient de signaler que nulle part le Talmoudh ne parle de quelconques bénédictions à réciter avant et/ou après la lecture de la Haftoroh. En fait, la première source à mentionner ces bénédictions est le traité post-talmudique de Sôfrim, dont les décisions ne sont pas toutes acceptées, surtout lorsqu'il s'agit de règles non mentionnées dans le Talmoudh lui-même. Par conséquent, il n'y a en soi aucune obligation de réciter ces bénédictions. On pourrait même dire qu'il est interdit de le faire, car il y a un doute quant à savoir s'il est permis d'accepter des bénédictions ultérieures au Talmoudh sur des choses pour lesquelles nos Sages n'ont pas décrété qu'elles nécessitaient une bénédiction !

1C'est-à-dire, la Haftoroh
2Les Israélites
3Les fidèles
4De crainte que l'interprète en soit troublé

5Maghilloh 4:6
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