jeudi 7 mai 2015

Le Hilloul HaShem du Talmidh Hokhom

בס״ד

Parashath `Amôr


Le Hilloul HaShem du Talmidh Hokhom

Cet article peut être téléchargé ici.

Nous lisons dans la Parashath `Amôr le Posouq suivant :

Wayyiqro` 22:32
Ne profanez point Mon saint Nom et Je serai sanctifié au sein des Bané Yisro`él. Je suis HaShem, qui vous sanctifie.
ולא תחללו את-שם קדשי ונקדשתי בתוך בני ישראל אני ה׳ מקדשכם

Ce Posouq mentionne à la fois l'une des pires interdictions et l'une des obligations les plus importantes de la Tôroh, à savoir, respectivement l'interdiction du Hilloul HaShem (profanation du Nom Divin) et l'obligation du Qiddoush HaShem (sanctification du Nom Divin).

Dans son Séfar Hammiswôth (Miswoh Lo` Tha´asah 63), le Rambam זצ״ל définit trois catégorie de personnes coupables de Hilloul HaShem :

Cette transgression inclut trois catégories, dont deux s'appliquent à tout le monde, et une uniquement à certains individus.

La première catégorie générale [inclut elle-même deux parties] :
  1. quand il y a un décret [contre la foi d'Israël], et qu'il est pressé de transgresser une Miswoh par quelqu'un qui a l'intention1 de le faire transgresser la Miswoh, qu'elle fasse partie des moins graves ou des plus graves Miswôth, ou
  2. même lorsqu'il n'y a pas de décret, et qu'il est pressé de transgresser l'interdiction de l’idolâtrie, des relations sexuelles interdites ou du meurtre.

On a l'obligation [dans ces deux cas] de donner sa vie et préférer se faire tuer plutôt que de transgresser, comme cela a été expliqué dans la Miswoh ´Aséh 9. Si quelqu'un a transgressé l'interdiction plutôt que préférer se faire tuer, il a profané le Nom de D.ieu et a [par-là] transgressé cette Miswoh. S'il l'a fait en public, c'est-à-dire, en présence de dix Israélites, il a profané le Nom de D.ieu en public et transgressé la Miswoh de D.ieu (exalté soit-Il) : « Ne profanez point Mon saint Nom », et son péché est très grave. […]

La seconde catégorie générale est lorsque quelqu'un commet un acte interdit pour lequel il n'a aucun désir ni plaisir, mais ses actes expriment du mépris et de la désobéissance. Cet individu a également profané le Nom de D.ieu […]

La catégorie qui ne s'applique qu'à certains individus est lorsque quelqu'un qui est connu pour sa piété et sa droiture fait quelque chose qui semble être, aux yeux du public, un péché. Étant donné qu'un tel acte ne sied pas à cet homme pieux, il a profané le Nom de D.ieu, même si l'acte est permis. [...]

La troisième catégorie parle d'un Rabbin, d'un Talmidh Hokhom ou de quelqu'un de distingué dans sa piété et droiture, qui commet un acte qui pourrait tout à fait être permis mais que les gens n'attendent pas d'une personne de sa stature. Si quelqu'un d'autre l'avait fait, personne n'aurait bougé un sourcil ou considéré qu'il y avait un quelconque problème. Mais pour quelqu'un d'un tel calibre, cela pourrait causer un Hilloul HaShem.

Dans son Mishnéh Tôroh, le Rambam est plus explicite encore. Il écrit ceci :

Hilkhôth Yasôdhé Hattôroh 5:14
Il y a d’autres choses qui sont comprises comme une profanation du Nom. Quand un homme important dans [sa connaissance de] la Tôroh et renommé pour sa piété, fait des choses qui [ont pour conséquence que] les gens tiennent des propos désobligeants à son égard, bien qu’il n’y ait pas de transgression [à proprement parlé], celui-là profane le Nom. Par exemple, il fait un achat et ne paie pas immédiatement alors qu’il en a les moyens, si bien que les vendeurs lui réclament [leur dû] et lui atermoie ; ou il se livre immodérément à la plaisanterie, ou mange et boit fréquemment chez des ignorants et en leur compagnie ; ou sa façon de s’adresser aux autres n’est pas douce, et il ne reçoit pas chacun affablement, mais est querelleur et irascible, et ce qui est semblable. Chacun, selon la grandeur de sa sagesse, doit être minutieux dans sa conduite, et agir au-delà de ce que la loi exige de lui.
ויש דברים אחרים שהם בכלל חילול השם, והוא שיעשה אדם גדול בתורה ומפורסם בחסידות, דברים שהברייות מרננים אחריו בשבילן, ואף על פי שאינם עבירות--הרי זה מחלל את השם: כגון שלוקח ואינו נותן דמי הלקח לאלתר, והוא שיש לו, ונמצאו המוכרין תובעין אותו, והוא מקיפן; או שירבה בשחוק, או באכילה ושתייה אצל עמי הארץ וביניהן; או שאין דיבורו בנחת עם הברייות, ואינו מקבילן בסבר פנים יפות, אלא בעל קטטה וכעס; וכיוצא בדברים האלו. הכול לפי גודלו של חכם--צריך שידקדק על עצמו, ויעשה לפנים משורת הדין

Le Hofés Hayyim זצ״ל envoya une fois son fils en mission. Il l'exhorta à faire très attention à ses actes, car s'il se comportait d'une manière légèrement inappropriée pour un Talmidh Hokhom, ce serait un Hilloul HaShem. Le Rov `Avrohom Pam ז״ל, qui était présent, rapporte que le fils du Hofés Hayyim protesta auprès de son père en disant : « Mais je ne suis pas un Talmidh Hokhom ! Je n'entre certainement pas dans la catégorie de ceux que le Rambam visait par les termes ''Un homme distingué dans la Tôroh et renommé pour sa piété''. Je suis un simple Juif ! ». Le Hofés Hayyim lui répondit : « Tu es suffisamment un Talmidh Hokhom que pour causer un Hilloul HaShem ! »

Chaque Israélite visiblement religieux a de nos jours le statut d'un Talmidh Hokhom. Les gens avec lesquels vous êtes en contact (que ce soit au supermarché, ou à la station-essence, peu importe où vous pourriez être), chacun d'entre eux vous regardent comme un « Rabbin », un « Talmidh Hokhom », « quelqu'un de distingué ». Aujourd'hui, chaque Israélite d'apparence religieuse peut être confondu avec un « Rabbin » aux yeux du public.

Ce n'est pas amusant de porter le titre de « Talmidh Hokhom ». C'est une énorme responsabilité. En théorie, cette troisième catégorie du Rambam ne s'applique pas à chaque Israélite. Du temps du Rambam, les gens savaient qu'il y avait des personnes comme lui et qu'ensuite il y avait des personnes ordinaires. Par conséquent, le Rambam pouvait, dans les Hilkhôth Yasôdhé Hattôroh et les Hilkhôth Dé´ôth, compiler une série de comportements acceptables pour les gens ordinaires et une série de comportements exigés pour les personnes distinguées. Mais de nos jours, au niveau de cette Halokhoh, tout le monde ayant un aspect religieux tombe dans la catégorie des personnes distinguées. Nous sommes tous suffisamment, à notre niveau, des Talmidhé Hakhomim que pour causer un Hilloul HaShem aux yeux des autres, et plus particulièrement aux yeux des non Israélites.

Si les actes de quelqu'un connu pour être un Israélite pratiquant amènent les gens à se détourner et médire de la Tôroh, et à, Hos WaSholôm, se dire « Si c'est comme cela que se comporte un Israélite religieux, je ne veux aucune part dans cette religion, je ne veux rien avoir à faire avec eux », c'est un énorme Hilloul HaShem !

Haqqodhôsh Boroukh Hou` nous a dit dans notre Posouq susmentionné que si nous nous abstenons de commettre un Hilloul HaShem, cela aura l'effet suivant : ונקדשתי בתוך בני ישראל « et Je serai sanctifié au sein des Bané Yisro`él ». À ce propos, nos Sages ont dit2 : « Quelqu'un dont les relations avec son prochain sont plaisantes, à son sujet les gens disent ''Heureux celui qui a étudié la Tôroh ; heureux celui qui lui a enseigné la Tôroh'' ». Cela démontre le potentiel réel de la Tôroh, ainsi que la façon par laquelle on peut réaliser Qiddoush HaShem sur Qiddoush HaShem, et éventuellement rapprocher les gens de la Tôroh ou les amener à nous respecter davantage pour ce que nous sommes. Et ceux qui agissent ainsi, c'est les concernant qu'il est dit ceci3 : עבדי-אתה ישראל אשר-בך אתפאר « Tu es Mon serviteur, Yisro`él ; c'est par toi que J'ai été glorifié ».

Terminons par la réflexion suivante : si on regarde de plus près comment le Posouq de notre Paroshoh a été formulé, il y a quelque chose d'assez étrange. Dans la même phrase, la Tôroh dit ולא תחללו את-שם קדשי « Ne profanez point Mon saint Nom » et ונקדשתי בתוך בני ישראל « et Je serai sanctifié au sein des Bané Yisro`él ». Le Hilloul HaShem et le Qiddoush HaShem ne sont-ils pas deux concepts situés à deux extrêmes ? N'est-ce pas vrai que lorsqu'on est Miqaddésh HaShem, c'est la chose la plus éloignée qui soit du Hilloul HaShem ? N'est-ce pas vrai que lorsqu'on est Mahallél HaShem, c'est la chose la plus éloignée qui soit du Qiddoush HaShem ? Par conséquent, n'est-ce pas un peu étrange que la Tôroh les place dans la même phrase, l'un après l'autre ?

En réalité, ce n'est pas si étrange qu'il n'y paraît. La Tôroh tente de nous faire comprendre qu'au contraire, il n'est pas vrai que le Hilloul HaShem et le Qiddoush HaShem sont des extrêmes complètement éloignés l'un de l'autre. La Tôroh veut nous dire ceci : « Je veux que tu réalises une sanctification de Mon Nom. Mais tandis que tu le fais, assure-toi de ne pas causer une profanation de Mon Nom ! »

Combien de fois n'avons-nous pas vu au nom d'un « Qiddoush HaShem », au nom de la Tôroh, au nom du Hasadh (bonté), sous la bannière des causes les plus nobles, des religieux se précipiter et commettre quelques fois, dans l'élan de leur acte de Qiddoush HaShem, le plus grand Hilloul HaShem qui soit ? Prenons l'exemple des Tafillin que les Loubavitchs font mettre à des impies dans la rue. Ils croient accomplir ainsi un acte noble, mais transgressent de nombreuses Halokhôth en agissant ainsi ! D'autres encore se prétendent antisionistes mais s'affichent publiquement avec les pires sionistes que la terre peut compter. Certains tiennent des événements de charité en colaboration avec les plus grands sionistes qui soient, et se rassurent en se disant qu'ils font cela pour « la bonne cause » (collecter de l'argent pour les nécessiteux), etc. Même lorsque quelque chose est une Miswoh, que c'est un geste précieux et noble que l'on s'apprête à accomplir ou souhaite réaliser, on doit néanmoins avoir à l'esprit qu'il ne faut pas se laisser emporter par la Miswoh ou l'acte en lui-même, mais il faut également réfléchir à la façon dont l'acte sera compris par les ignorants ! Un religieux avec barbe, caftan et Pé`ôth, par exemple, qui se dit antisioniste et participe à des événements sionistes, s'affiche avec des sionistes, ou va s'établir en Terre Sainte, cause un énorme Hilloul HaShem, car aux yeux de la masse ses actes sont purement et simplement un soutien clair au sionisme et à l'idéologie sioniste ! Nos Sages ne nous ont-ils pas dit que quand bien même cela aurait été commis pour la Miswoh de demeurer dans une Soukkoh durant Soukkôth, celui qui demeure dans une Soukkoh qu'il a volée n'est pas considéré comme ayant accompli la Miswoh ! La fin ne justifie pas les moyens, une Miswoh ne doit pas être le prétexte pour commettre des transgressions, et il faut penser au-delà de l'acte accompli, à la façon dont l'acte sera perçu et interprété par les masses ignorantes !

Que le Nom d'HaShem soit sanctifié au sein des Bané Yisro`él et devant les yeux des nations. Mais prenons garde à ce que dans notre élan nous ne profanions point Son saint Nom !

1Cela ne s'appliquerait pas si la transgression de la Miswoh n'était pas son intention. Par exemple, un cambrioleur demande dans sa fuite à un Israélite de le conduire en voiture, alors que l'on est Shabboth, vers un lieu sûr où il pourrait se cacher et échapper à la police. Il ne demande donc pas à l'Israélite de transgresser Shabboth pour le plaisir de le voir transgresser Shabboth. Sa demande de transgression du Shabboth n'est qu'accessoire par rapport à sa réelle intention, qui est de fuir le plus loin possible du lieu de son crime
2Talmoudh, Yômo` 86a

3Yasha´yohou 49:3
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