בס״ד
Mishnéh
Tôroh VS Shoulhon ´Oroukh
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La
récitation du Shama´ IV
Rabbi
Yôséf Qa`rô זצ״ל
écrit
ceci dans son Shoulhon ´Oroukh :
`Ôrah
Hayyim 58:1
|
Le
temps de la récitation du Shama´ du matin [commence] à partir
du moment où l'on est capable de voir son ami avec lequel on est
familier1
à une distance minimale de quatre `ammôth et de le reconnaître2.
Et sa période s'étend jusqu'à la fin de la troisième heure,
qui correspond à un quart de la journée. La meilleure façon
d'accomplir la Miswoh consiste à la réciter comme les
Wathiqin (c'est-à-dire, les disciples. Rashi explique qu'il
s'agit de gens humbles et qui chérissent les Miswôth)3,
qui programmaient sa récitation peut avant Nés Hahammoh
(c'est-à-dire, lorsque le soleil commence à émerger, comme le
bourgeonnement des grenades), de façon à achever la récitation
du Shama´ et ses bénédictions en même temps que Nés
Hahammoh et poursuivre par la prière immédiatement à Nés
Hahammoh. Quiconque a l'intention d'agir ainsi sera
grandement récompensé.
|
זמן
קריאת שמע של שחרית משיראה את חבירו
הרגיל עמו קצת ברחוק ד'
אמות
ויכירנו ונמשך זמנה עד סוף ג'
שעות
שהוא רביע היום ומצוה מן המובחר לקרותה
כוותיקין (פירוש
תלמידים.
ורש"י
פירש אנשים ענוים ומחבבים המצות)
שהיו
מכוונים לקרותה מעט קודם הנץ החמה (פירוש
יציאת החמה כמו הנצו הרמונים)
כדי
שיסיים קריאת שמע וברכותיה עם הנץ החמה
ויסמוך התפלה מיד בהנץ החמה ומי שיוכל
לכוין לעשות כן שכרו מרובה מאד
|
Le
Rambam זצ״ל
rapporte
la même chose dans son Mishnéh Tôroh :
Hilkhôth
Qiryath Shama´ 1:12
|
Et
quelle est l'heure [propre à la récitation du Shama´] durant la
journée ? La meilleure façon d'accomplir la Miswoh
consiste à commencer à le réciter avant le lever du soleil4
pour conclure la récitation, et réciter la dernière
bénédiction, avec le lever du soleil5.
Et cette mesure [de temps] correspond à environ un dixième
d'heure avant que le soleil ne se soit [complètement] levé. Si
l'on s'est attardé et que l'on a récité le Shama´ qu'après
que le soleil ne se soit [complètement] levé, on est quitte de
son obligation, car sa période se prolonge jusqu'à la fin de la
troisième heure de la journée pour celui qui a transgressé et
s'est attardé.
|
ואיזה
הוא זמנה ביום--מצותה
שיתחיל לקרות קודם הנץ החמה,
כדי
שיגמור לקרות ולברך ברכה אחרונה עם הנץ
החמה;
ושיעור
זה,
כמו
עישור שעה קודם שתעלה השמש.
ואם
איחר,
וקרא
אחר שעלתה השמש--יצא
ידי חובתו,
שעונתה
עד סוף שלוש שעות ביום למי שעבר ואיחר
|
Le
Rambam et Rabbi Yôséf Qa`rô sont donc d'accord sur le moment
minimum à partir duquel le Shama´ peut commencer à être récité
(peu avant que le soleil ne commence à paraître), ainsi que le
moment maximum où cela peut se faire (la fin de la troisième heure
du jour). Mais le moment à partir duquel le Shama´ peut être
récité le matin semble faire l'objet d'une divergence d'opinion
dans la Mishnoh :
Barokhôth
1:56
|
À
partir de quand récitons-nous le Shama´ le matin ? À
partir [du moment] où l'on reconnaît [la différence] entre le
Tékhéléth et le blanc. Rébbi `Ali´azar dit : « Entre
le Tékhéléth et le poireau ». Jusqu'au lever du
soleil. Rébbi Yahôshoua´ dit : « Jusqu'à la
troisième heure, car c'est l'habitude des fils des rois de se
lever à la troisième heure ». Celui qui récite plus
tard ne perd [rien], comme un homme qui lit dans la Tôroh.
|
מאימתיי
קורין את שמע בשחרים:
משיכיר
בין תכלת ללבן;
רבי
אליעזר אומר,
בין
תכלת לכרתן.
עד
הנץ החמה;
רבי
יהושוע אומר,
עד
שלוש שעות,
שכן
דרך בני מלכים לעמוד בשלוש שעות.
הקורא
מכאן ואילך,
לא
הפסיד,
כאדם
שהוא קורא בתורה
|
La
Gamoro`7
cite alors diverses autres opinions, notamment celle de `Abbayé ז״ל
qui
affirme que le Shama´ devrait être récité comme les Wathiqin,
c'est-à-dire, de façon à ce que sa récitation soit terminée en
même temps que le soleil se lève et poursuivre tout de suite après
avec la ´Amidhoh au lever du soleil (tout de suite après que le
soleil se soit complètement levé).
Le
Rambam préfère, à l'évidence, cette position et établit que six
minutes est une quantité de temps raisonnable pour réciter le
Shama´ et ses bénédictions afin de commencer la ´Amidhoh tout de
suite après que le soleil soit complètement levé. (Le Ram`o זצ״ל
est
plutôt d'avis que l'on a une heure entière pour réciter le Shama´
et ses bénédictions avant que le soleil ne se soit complètement
levé.)
Le
Moghén `Avrohom8
זצ״ל
explique
que tous les avis rapportés dans la Gamoro` s'accordent avec la
Mishnoh pour dire que le moment minimum à partir duquel nous pouvons
commencer à réciter le Shama´ est l'aube, et que les divergences
d'opinion concernent plutôt le moment idéal (et non minimum) pour
cette récitation.
L'explication
du Moghén `Avrohom est soutenue par les propos mêmes du Rambam. En
effet, ce dernier emploie, dans le passage du Mishnéh Tôroh
susmentionné, l'expression מצותה
« Miswothoh ».
Elle n'est pas à confondre avec le mot מצוה
« Miswoh ».
« Miswothoh » est une expression araméenne
employée pour désigner le moment le plus idéal pour accomplir une
Miswoh déterminée. Dans ce contexte-ci, commencer la
récitation du Shama´ six minutes avant le lever du soleil est pour
le Rambam le moment le plus idéal, et non pas le moment minimum à
partir duquel la Miswoh peut être entamée, puisque la Miswoh
peut être commencée à l'aube. C'est ce que Rabbi Yôséf Qa`rô
nous dit dans le passage susmentionné du Shoulhon ´Oroukh,
et c'est ce que le Rambam nous dit dans le passage suivant du Mishnéh
Tôroh :
Hilkhôth
Qiryath Shama´ 1:13
|
Celui
qui s'est levé et a procédé à la récitation du Shama´ du
matin après l'aube, même s'il termine avant le lever du soleil,
est quitte de son obligation. En cas de difficulté, par exemple
s'il doit partir en voyage, il peut réciter Lakhatahilloh
depuis l'aube.
|
מי
שהקדים וקרא קרית שמע של שחרית,
אחר
שעלה עמוד השחר--אף
על פי שהשלים קודם שתנץ החמה,
יצא
ידי חובתו.
ובשעת
הדוחק,
כגון
שהיה משכים לצאת לדרך--קורא
לכתחילה,
משעלה
עמוד השחר
|
Nous
voyons donc clairement que le moment minimum de la récitation du
Shama´ est l'aube, et qu'il n'y a pas à attendre peu de temps avant
que le soleil ne commence à se lever pour réciter le Shama´, même
si, pour le Rambam, c'est le moment le plus idéal pour accomplir la
Miswoh, sans doute parce qu'à l'aube, le Rambam estime qu'il
ne fait pas suffisamment clair que pour pouvoir réciter la
bénédiction de « Yôsér `Ôr » (qui forme la
lumière), qui est la première bénédiction qui précède la
récitation du Shama´ du matin. Mais il convient de noter que de
nombreux passages du Talmoudh démontrent que la récitation du
Shama´ est indépendante des bénédictions qui la précèdent et la
suivent, de sorte que le Shama´ peut être, sans problème, récité
sans ses bénédictions. Ainsi, il est tout à fait possible de
réciter les trois paragraphes du Shama´ à l'aube et d'attendre que
le soleil ne commence à se lever pour réciter la bénédiction de
« Yôsér `Ôr ».
Nous
avions mentionné plus haut qu'il semblait que la Mishnoh divergeait
quant au moment minimum à partir duquel on pouvait commencer la
récitation du Shama´ du matin. Un Tanno` anonyme déclare que l'on
peut commencer à partir du moment où l'on peut faire la différence
entre la couleur Tékhéléth et le blanc, tandis que Rébbi
`Ali´azar ז״ל
déclare
que l'on peut commencer à partir du moment où l'on peut distinguer
la couleur Tékhéléth du « poireau », c'est-à-dire, de
la couleur verte. Mais il n'y a en fait pas du tout de divergence.
Les deux sont d'accord pour dire que la Miswoh commence à
l'aube. À ce moment-là, les premières lueurs du matin peuvent
commencer à être visibles, bien qu'il fasse encore relativement
noir. Le Tanno` anonyme est d'avis que si malgré la faiblesse de
cette lueur de l'aube il est possible de faire la distinction entre
les cordons blancs et le fil Tékhéléth de son Tallith, on peut
alors commencer à réciter le Shama´. Mais Rébbi `Ali´azar n'est
pas d'accord, car le blanc et le Tékhéléth sont deux couleurs
totalement différentes, et les différencier ne poserait donc aucune
difficulté. Il préconise donc d'attendre de pouvoir faire la
différence entre le Tékhéléth et le vert, car lorsqu'il ne fait
pas encore suffisamment clair, le cordon Tékhéléth du Tallith
pouvait légèrement être confondu avec la couleur du poireau. Si
par la lueur naturelle de l'aube on était capable de faire la
différence entre un cordon Tékhéléth et du vert poireau (en les
plaçant l'un à côté de l'autre), on pouvait alors commencer à
réciter le Shama´, même avec la bénédiction de « Yôsér
`Ôr », car on estime que l'on a suffisamment de lumière que
pour distinguer entre deux choses ressemblantes.
Rabbi
Yôséf Qa`rô choisit de donner un autre exemple, tiré de la
Tôséfto`, en disant que l'on ne peut commencer la récitation du
Shama´ à l'aube que si la lumière naturelle de l'aube nous permet
de reconnaître facilement le visage de quelqu'un que l'on connaît.
(Il convient donc de noter que dans les temps talmudiques, beaucoup
de ceux qui récitaient le Shama´ à l'aube le faisaient souvent à
l'extérieur de leurs maisons, à côté de la Mazouzoh de la porte
d'entrée. Par conséquent, s'il rencontrait dehors quelqu'un dont
ils étaient capables de reconnaître les traits et d'identifier avec
certitude, c'est qu'il y avait alors suffisamment de lumière que
pour pouvoir réciter le Shama´ à l'aube.)
De
nos jours, cette Halokhoh est un peu faussée par le fait que nous
avons l'électricité. Par conséquent, même s'il fait encore sombre
à l'aube, beaucoup se contentent simplement d'appuyer sur
l'interrupteur pour avoir de la lumière et pouvoir commencer à
réciter le Shama´ du matin. Néanmoins, celui qui est minutieux
dans les Miswôth attendra le moment où l'on est capable de
bien voir rien qu'avec la lumière naturelle
du jour pour réciter le Shama` et ses bénédictions.
Quant
à la deuxième partie de la Mishnoh susmentionnée, ce n'est là
encore pas du tout une divergence d'opinion sur la période maximale
durant laquelle le Shama´ peut être récitée. Le Tanno` anonyme
déclare que le Shama´ peut être récité à partir de l'aube
jusqu'au moment où le soleil commence à se lever, tandis que Rébbi
Yahôshoua´ ז״ל
déclare
que le Shama´ peut être récité à partir de l'aube jusqu'à la
troisième heure. Ce n'est pas une contradiction. Le Shama´ du soir
peut être récité à partir de la tombée de la nuit jusqu'à
l'aube du jour suivant, mais pour s'assurer que l'on n'oublie pas de
le réciter, les Sages ont limité sa récitation jusqu'à minuit.
(Voir les Mishnoyôth 1,
2,
3
et 4
du Chapitre 1 du traité Barokhôth.) Cela ne signifie pas que le
réciter après minuit n'est pas valable ; c'est simplement une
mesure de sécurité, car si on attend trop tard pour réciter le
Shama´, on pourrait être trop fatigué que pour le faire avec la
concentration requise. Il en est de même pour le Shama´ du matin.
Bien que sa récitation peut se faire jusqu'à la troisième heure,
il est recommandé de se réveiller à l'aube et de le réciter avant
que le soleil n'ait commencé à se lever et de poursuivre tout de
suite après avec la ´Amidhoh (bien que l'on ait jusqu'à la
quatrième heure pour faire la ´Amidhoh), car plus on retarde plus
on est susceptible de dépasser les plages horaires du Shama´ et de
la ´Amidhoh. Ainsi, celui qui est capable de se lever tôt doit le
faire. Par contre, ceux qui, comme les rois, ne se lèvent que bien
plus tard dans leur journée, doivent veiller à avoir commencé la
récitation du Shama´ avant la fin de la troisième heure.
Et
notre Mishnoh se conclut en disant que si la troisième heure est
passée sans que l'on ait récité le Shama´, on pourra néanmoins
réciter les trois paragraphes, car réciter des paroles de Tôroh
est une Miswoh qui peut être accomplie toute la journée. Ce
sera donc l'accomplissement de la Miswoh d'étudier la Tôroh,
mais pas celle de réciter le Shama´. Et c'est ce que Rabbi Yôséf
Qa`rô nous a dit plus haut, et ce que le Rambam nous dit dans la
Halokhoh suivante de son Mishnéh Tôroh :
Hilkhôth
Qiryath Shama´ 1:14
|
Celui
qui récite [le Shama´] après [la fin de] la troisième heure du
jour, même s'il en a été contraint9,
n'est pas quitte de l'obligation de réciter le Shama´ en son
temps, mais est plutôt considéré comme une personne qui lit
dans la Tôroh. Et il peut réciter les bénédictions qui
précèdent et suivent le Shama´ toute la journée, même s'il
s'est attardé et a récité [le Shama´ après la fin de] la
troisième heure.
|
הקורא
אחר שלוש שעות ביום,
אפילו
היה אנוס--לא
יצא ידי חובת קרית שמע בעונתה,
אלא
הרי הוא כקורא בתורה;
ומברך
הוא לפניה ולאחריה כל היום,
אפילו
איחר וקרא אחר שלוש שעות
|
Si
réciter le Shama´ après la fin de la troisième heure ne constitue
plus la Miswoh de réciter le Shama´ mais celle d'étudier la
Tôroh, comment se fait-il que l'on pourra également réciter les
bénédictions qui précèdent et suivent le Shama´, si ce sont des
bénédictions composées pour l'accomplissement de la Miswoh
de la récitation du Shama´ (un peu comme la bénédiction de
« Hammôsi` » qui précède un repas, et la
Birkath Hammozôn qui suit le repas) ? La réponse est que ces
bénédictions ne sont pas, en elles-mêmes, liées à la récitation
du Shama´. Comme cela a été dit plus haut, ces bénédictions
peuvent même être récitées indépendamment du Shama´.
La
première bénédiction qui précède le Shama´ (« Yôsér
`Ôr ») est un remerciement envers HaShem ית׳
pour
avoir formé la lumière et tout ce qui existe. Elle n'est donc pas
liée au Shama´ en lui-même, et puisque c'est une « Birkath
Hahôdho`oh » (bénédiction de reconnaissance) et non une
Birkath Hammiswoh (bénédiction pour l'accomplissement d'une
Miswoh), elle peut être récitée tout au long de la journée
si cela n'a pas été fait avant la fin de la troisième heure. La
deuxième bénédiction qui précède le Shama´ (« `Ahavath
´Ôlom » ou « `Ahavoh Rabboh ». Voir ici)
est là encore une « Birkath Hahôdho`oh », et non une
« Birkath Hammiswoh », puisqu'on y remercie HaShem
pour l'amour dont Il a fait preuve à notre égard en nous donnant la
Tôroh, amour que nous Lui rendons en nous engageant à étudier la
Tôroh et à mettre en pratique Ses commandements. Ce n'est donc pas,
là encore, lié à la Miswoh-même de la récitation du
Shama´, mais est une bénédiction pouvant être récitée avant une
étude de la Tôroh. Puisque la récitation des paragraphes du Shama´
est considérée comme une étude de la Tôroh, et non plus
l'accomplissement de la Miswoh de récitation du Shama´
lorsqu'il est récité au-delà de la troisième heure du jour, cette
bénédiction peut être récitée même lorsqu'on récite le Shama´
après la fin de la troisième heure. Quant à la bénédiction de
« `Amath Wayassiv », récitée après le troisième
paragraphe du Shama´ du matin, c'est là encore une bénédiction de
reconnaissance dans laquelle nous proclamons que les paroles de Tôroh
que nous venons de réciter sont vraies et éternelles, que nous
n'avons point d'autres dieux qu'HaShem, que c'est à Lui que nous
obéirons et qu'Il est celui qui nous protège et nous délivre afin
de nous permettre d'accomplir Ses volontés. Cette bénédiction
n'est donc pas elle non plus liée à la récitation du Shama´ en
lui-même, mais peut être récitée après n'importe quelle parole
de Tôroh dans laquelle on a fait mention de principes fondamentaux
de la foi israélite.
Le
Rô`sh זצ״ל
n'est
pas d'accord et limite la période de temps durant laquelle les
bénédictions relatives au Shama´ peuvent être récitées. Il a un
doute quant à savoir si c'est jusqu'à la fin de la quatrième heure
(qui est la limite pour pouvoir faire la ´Amidhoh du matin) ou
jusqu'à midi (qui est l'heure de rattrapage pour celui qui n'aurait
pas fait la ´Amidhoh avant la fin de la quatrième heure). En guise
de conclusion, il cite HoRov Hay Go`ôn זצ״ל
qui
tranche que l'on ne peut réciter ces bénédictions que jusqu'à la
fin de la quatrième heure, c'est-à-dire, au tiers de la journée.
Rabbénou Hanon`él זצ״ל
est
également de cet avis. Quant à Rabbénou Manôah
זצ״ל,
il est d'accord avec le Rambam et permet de réciter ces bénédictions
durant toute la journée.
Par
contre, Rabbi Yôséf Qa`rô diffère du Rambam et suit la position
de HoRov Hay Go`ôn, en écrivant ceci dans son Shoulhon
´Ôroukh :
`Ôrah
Hayyim 58:6
|
Bien
que sa période s'étende jusqu'à la fin de la troisième heure,
si on passe la troisième heure et qu'on ne l'a pas récité on le
récite avec toutes ses bénédictions à la quatrième heure, qui
correspond à un tiers de la journée. Mais il n'est pas
récompensé comme celui qui a récité en son temps. Et s'il
passe la quatrième heure et ne l'a pas récité, il récite mais
sans ses bénédictions [qu'il ne pourra plus réciter] tout [le
reste de] la journée.
|
אף
על פי שזמנה נמשך עד סוף השעה הג'
אם
עברה שעה ג'
ולא
קראה קורא אותה בברכותיה כל שעה ד'
שהוא
שליש היום ואין לו שכר כקורא בזמנה ואם
עברה שעה ד'
ולא
קראה קוראה בלא ברכותיה כל היום
|
En
tant que Talmidhé HaRambam, nous suivons évidemment l'approche du
Rambam.
Si
vous jetez un coup d'œil dans les Siddourim d'aujourd'hui, vous
remarquerez quelque chose d'étrange : dans le nombre énorme de
prières post-talmudiques composées pour être récitées en guise
de préparation à la prière du matin, le premier verset du Shama´
est déjà récité. C'est le cas dans tous les Siddourim `Ashkanazim
et Safaradhim d'aujourd'hui. Ce qui fait que le Shama´ n'est donc
pas récité qu'une seule fois le matin, mais deux : une fois
dans les prières de préparation à la prière du matin, et une
deuxième fois au cours de l'office (mais cette fois-ci avec les
trois paragraphes et les bénédictions qui suivent et précèdent).
D'où vient cette pratique, qui n'est mentionnée nulle part dans le
Talmoudh, dans les écrits des Ga`ônim, ni par le Rambam (et les
autres Ri`shônim), ni même par Rabbi Yôséf Qa`rô ?
Dans
son Shoulhon ´Oroukh, Rabbi Yôséf Qa`rô écrit ceci :
`Ôrah
Hayyim 46:9
|
On
ne récite pas de versets avant [d'avoir récité] la Birkath
Hattôroh, même si on les dit à la façon des supplications. Et
il y en a qui disent qu'il ne faut pas s'en soucier à partir du
moment où on les dit à la façon des supplications. Il convient
de se soucier de la première opinion.
|
לא
יקרא פסוקים קודם ברכת התורה אף על פי
שהוא אומרם דרך תחנונים ויש אומרים שאין
לחוש כיון שאינו אומרם אלא דרך תחנונים
ונכון לחוש לסברא ראשונה
|
En
d'autres mots, puisque la Birkath Hattôroh a été instituée pour
n'être récitée qu'au moment où l'on désire réciter, lire ou
étudier des paroles de Tôroh, il n'est pas approprié de réciter
le matin des versets de la Tôroh sans avoir au préalable récité
la Birkath Hattôroh (sauf si on compte étudier directement après
le Shama´, auquel cas il ne sera pas nécessaire de faire la Birkath
Hattôroh, puisqu'on pourra être quitte à travers la bénédiction
de « `Ahavath ´Ôlom » ou « `Ahavoh Rabboh »).
Rabbi Yôséf Qa`rô rapporte l'avis de ceux qui le permettent si les
versets sont récités à la façon des supplications, c'est-à-dire,
si, à travers la récitation de ces versets, on désire supplier
HaShem d'accomplir pour nous la promesse contenue dans ces versets
que l'on récite, ou si, par exemple, on se retrouve dans une
situation de panique ou de détresse le matin et que l'on récite
quelques versets pour se donner du courage ou faire appel à la
Siy´ato` Dishmayyo` (aide du Ciel). Dans ces cas, ce sont des
supplications et non une étude de la Tôroh. Mais Rabbi Yôséf
Qa`rô est d'avis qu'il vaudrait mieux, même dans ces cas-là, ne
pas réciter de versets de la Tôroh sans avoir au préalable récité
la Birkath Hattôroh, car selon lui, cette bénédiction ne fut pas
instituée seulement pour l'étude de la Tôroh, mais aussi pour la
récitation de paroles de la Tôroh. Puisqu'en utilisant des versets
de la Tôroh, même pour des supplications, et non pour étudier, on
prononce quand même des paroles de Tôroh, il conviendrait même
dans ces situations-là de réciter la Birkath Hattôroh au
préalable.
Sur
cette règle du Shoulhon ´Oroukh, le Ram`o, en citant le Tour
זצ״ל,
fait le commentaire suivant :
Mais
le Minhogh est en accord avec la dernière opinion, puisque durant
les jours [où nous récitons] les Salihôth10,
nous prions les Salihôth et seulement après nous
bénissons sur la Tôroh avec l'ordre du reste des bénédictions
[du matin]. De même, chaque jour, lorsqu'on entre à la
Synagogue, nous disons quelques versets et des supplications, et
seulement après nous bénissons sur la Tôroh. Et notre coutume
consiste à placer la Birkath Hattôroh immédiatement après la
bénédiction de « `Ashar Yôsar », et il ne
convient pas de changer. Et il est une bonne chose de dire le
matin un autre « Shama´ Yisro`él, etc. »,
« Boroukh Shém Kavôdh Malkhouthô La´ôlom Wo´adh »,
car il arrive parfois que les gens
retardent la récitation du Shama´ et que sa récitation ne se
fasse pas en son temps. On s'acquitte donc par [cette première
récitation].
|
אבל
המנהג כסברא אחרונה שהרי בימי הסליחות
מתפללים הסליחות ואחר כך מברכין על
התורה עם סדר שאר הברכות וכן בכל יום
כשנכנסין לבית הכנסת אומרים כמה פסוקים
ותחנונים ואחר כך מברכין על התורה ונהגו
לסדר ברכת התורה מיד אחר ברכת אשר יצר
ואין לשנות.
וטוב
לומר בשחרית אחר שמע ישראל וגו'
ברוך
שם כבוד מלכותו לעולם ועד,
כי
לפעמים שוהין עם קריאת שמע לקרותה שלא
בזמנה ויוצא בזה
|
En
d'autres mots, étant donné que la majorité des Juifs d'aujourd'hui
ne récitent plus les Birkhôth Hashohar à la maison au
moment aux moments où ils accomplissent les actes pour lesquels ils
bénissent, mais attendent d'être arrivés à la Synagogue pour
réciter toutes les bénédictions du matin selon un ordre déterminé
(par exemple, dans le Nousah `Ashkanaz, la bénédiction sur
la Tôroh est placée juste après celle de « `Ashar Yôsar ».
Voir ici,
où nous avions, entre autres choses, discuté de l'emplacement de
cette bénédiction dans les différents Nousahim), le Ram`o
estime qu'il est donc permis de déjà réciter des versets de la
Tôroh, même sans avoir récité au préalable la Birkath Hattôroh
(qui ne se fera qu'à la Synagogue), que ce soit en guise de
préparation à la prière ou encore en guise de supplication. Par
conséquent, il tranche qu'il est donc permis de réciter le premier
verset du Shama´ et « Boroukh Shém Kavôdh, etc. » le
matin dans les prières de préparation à la prière du matin, car
très souvent il arrive que la prière communautaire soit programmée
à une heure où il ne sera pas possible de réciter le Shama´ en
son temps (comme c'est le cas des communautés qui programment chaque
jour les prières communautaires à la même heure, sans tenir compte
des horaires halakhiques. C'est ainsi que beaucoup de communautés
organisent chaque jour la prière du matin à 10h, même lorsque
l'heure de fin de récitation du Shama´ est fixée, par exemple, à
9h10), ou que les gens eux-mêmes traînent trop avant d'accomplir la
Miswoh de récitation du Shama´. De ce fait, un premier
Shama´ a été imprimé dans les Siddourim, et c'est par ce
Shama´-là que l'on s'acquittera de son devoir, tandis que le Shama´
qui sera ensuite récité à la Synagogue en communauté ne servira
qu'à la Miswoh de réciter des paroles de Tôroh !
Voilà
d'où vient cette pratique ! Et cela rend en fait la récitation
du Shama´ à la Synagogue inutile, puisqu'on se sera déjà acquitté
de son devoir par le Shama´ récité à la maison dans la liste des
prières préparatoires ! (Mais pour néanmoins rendre utile
cette récitation du Shama´ à la synagogue, les rabbins ont trouvé
une parade : ajouter dans les bénédictions du Shama´ des
parties qui ne pourraient être récitées qu'avec un Minyon,
poussant ainsi les gens à quand même considérer que cette pratique
de réciter deux fois le Shama´ le matin a du sens.)
Il
convient de noter que le Talmoudh Yarousholmi s'est catégoriquement
opposé à ceux qui se rassemblaient à la Synagogue pour réciter le
Shama´ après l'heure limite de récitation du Shama´, et ce pour
deux raisons :
- si ces gens avaient déjà récité le Shama´ en son temps à la maison, le réciter à nouveau à la synagogue pose un problème de Mar`ith ´Ayin : certaines personnes n'étant pas au courant que ces gens avaient déjà récité le Shama´ chez eux pourraient en arriver à croire qu'ils récitaient le Shama´ pour la première fois de la journée, alors que l'horaire de la récitation du Shama´ était passée ;
- si ces gens avaient déjà récité le Shama´ en son temps à la maison, le réciter à nouveau à la Synagogue ne sert à rien, puisqu'ils se sont déjà acquittés de leur devoir de réciter le Shama´ lorsqu'ils l'ont récité à la maison.
1C'est-à-dire,
quelqu'un que l'on connaît bien, que l'on a l'habitude de voir, de
fréquenter
2Rien
qu'avec la lumière naturelle du jour
3Cette
parenthèse et la suivante font partie du texte
4Nés
Hahammoh
5C'est-à-dire,
en même temps que le soleil se lève
7Barokhôth
9b
8`Ô.H.
58:1
9C'est-à-dire,
c'est indépendamment de sa volonté qu'il n'a pas récité le
Shama´ avant la fin de la troisième heure
10Les
Safaradhim commencent la récitation des Salihôth le
lendemain de Rô`sh Hôdhash
`Élloul et les terminent la veille de Yôm Hakkippourim,
tandis que les `Ashkanazim les commencent au minimum quatre jours
avant le début du mois de Tishri et les achèvent la veille de Yôm
Hakkippourim