mardi 10 novembre 2015

Les Lois du Yihoudh : Dans le Talmoudh – Première Partie

ב״ה

Les Lois du Yihoudh

Dans le Talmoudh – Première Partie


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En guise d'introduction générale aux lois du Yihoudh, il est une bonne chose de passer en revue les sources talmudiques qui sont à l'origine de ces lois.

Le terme יִיחוּד « Yihoudh » se définit comme l'isolement d'un homme avec une femme, chose qui est interdite par la Halokhoh. Mais nous allons voir, à travers les passages talmudiques traitant du sujet, quels sont les paramètres de cette interdiction, c'est-à-dire avec qui est-il interdit de s'isoler et quelles sont les formes d'isolement problématiques et celles n'étant pas inclues dans cette interdiction. Cela nous permettra également d'acquérir le vocabulaire propre au concept du Yihoudh, qui fait appel à des expressions bien précises et spécifiques. Nous consacrerons deux parties aux passages talmudiques. Dans la troisième partie, nous repasserons en revue ces Halokhôth telles qu'elles ont été rapportées par le Ramba''m ז״ל dans son Mishnéh Tôroh pour en voir les applications concrètes. Mais commençons par la source de tout, à savoir, le Talmoudh.

  1. Qiddoushin 80b-81b

La toute première mention de la notion de « Yihoudh » apparaît dans une Mishnoh à la page de Qiddoushin 80b. Voici la Mishnoh en question :

Un homme ne peut pas s'isoler avec deux femmes, mais une femme peut s'isoler avec deux hommes. Rébbi Shim´ôn dit : « Même un homme peut s'isoler avec deux femmes pendant que sa femme est avec lui, et il peut dormir avec elles dans une auberge parce que sa femme le surveille ». Un homme peut s'isoler avec sa mère et avec sa fille, et il peut dormir avec elles avec une proximité corporelle1. Mais s'ils ont grandi, elle doit dormir dans ses vêtements et lui dans ses vêtements.
לא יתייחד אדם עם שתי נשים אבל אשה אחת מתייחדת עם שני אנשים רבי שמעון אומר אף איש אחד מתייחד עם שתי נשים בזמן שאשתו עמו וישן עמהם בפונדקי מפני שאשתו משמרתו מתייחד אדם עם אמו ועם בתו וישן עמהם בקירוב בשר ואם הגדילו זו ישנה בכסותה וזה ישן בכסותו

À partir de là, la Gamoro` se met à commenter en détails cette Mishnoh :

  • Un homme ne peut pas s'isoler avec deux femmes

Comment le savons-nous ?2 Rébbi Yôhonon a dit au nom de Rébbi Yishmo´´él : « Où trouvons-nous à partir de la Tôroh une allusion au Yihoudh ? Car il est écrit3 : ''car lorsque ton frère, fils de ta mère te séduira, etc.''. Est-ce seulement le fils d'une mère qui séduit et pas le fils d'un père ? Plutôt, c'est pour te dire qu'un fils peut s'isoler avec sa mère, mais qu'il a l'interdiction de s'isoler avec toutes ´aroyôth qui sont [mentionnées] dans la Tôroh ». Mais quel est le sens simple de ce qui est écrit ?
מנא הני מילי אמר רבי יוחנן משום רבי ישמעאל רמז ליחוד מן התורה מנין שנאמר כי יסיתך אחיך בן אמך וכי בן אם מסית בן אב אינו מסית אלא לומר לך בן מתייחד עם אמו ואסור להתייחד עם כל עריות שבתורה פשטיה דקרא במאי כתיב

Une אַסְמַכְתָּא « `asmakhto` » est un procédé d'interprétation rabbinique qui ne consiste pas à déduire une Halokhoh d'un verset mais tirer d'un verset une allusion servant à soutenir une Halokhoh, croyance ou pratique déjà existante. D'après le Ramba''m, une `asmakhto` sert simplement de « Simon », c'est-à-dire d'indication.4 Il est expliqué la même chose dans le Kouzari.5 Et le `ibn ´azro` ז״ל dit une chose similaire. En d'autres mots, nous ne devons pas croire qu'une `asmakhto` faite dans le Talmoudh est réellement la source sur laquelle s'appuyer pour légitimer une Halokhoh, tout simplement parce qu'une `asmakhto` s'éloigne toujours volontairement du sens simple d'un verset pour tenter d'expliquer une pratique, Halokhoh ou croyance déjà existante, au moyen d'allusions. De ce fait, il est évident que le sens simple du verset ne concernait pas cette croyance, pratique ou Halokhoh. Pour reprendre les mots du Ramba''m, une `asmakhto` n'est qu'un moyen mnémotechnique de se rappeler une règle par association d'idées. D'ailleurs, dans le passage susmentionné, la Gamoro` elle-même nous fait comprendre que la `asmakhto` faite par Rébbi Yôhonon ז״ל au nom de Rébbi Yishmo´`él ז״ל n'est pas le sens réel du verset cité. C'est pour cela que le passage se termine en demandant quel est le sens simple du verset cité, montrant bien qu'il est clair que le verset en question ne parlait pas du tout du concept de Yihoudh, mais d'un proche qui viendrait nous voir en secret pour nous convaincre de servir avec lui une ´avôdhoh Zoroh. C'est pour cela qu'on l'appelle « le séducteur ». Ce que Rébbi Yôhonon a fait, c'est donner une connotation sexuelle au terme « séduire » employer dans ce verset et l'associer au Yihoudh, afin que lorsqu'on pense à quelqu'un qui vient nous voir en secret (donc, une situation d’isolement) pour nous séduire à avoir des rapports intimes avec lui, on pense automatiquement au concept de Yihoudh. Mais ce n'est pas le sens réel du verset, juste un moyen de nous rappeler le concept de Yihoudh en faisant des associations d'idées.

Cela nous permet de comprendre que la raison pour laquelle le Yihoudh a été interdit, c'est afin d'éviter que dans leur situation d'isolement un homme et une femme n'en arrive à avoir des rapports sexuels ou s'adonner à toute autre pratique inconvenante et immorale.

Il convient de noter que la Halokhoh parle d'un homme dans une situation d'isolement avec deux femmes. La raison à cela est qu'il est évident qu'un homme a l'interdiction de s'isoler avec une femme, par conséquent cela n'est pas mentionné. Mais on aurait pu croire que dès que les femmes sont deux, un homme pourrait avoir la permission de s'isoler avec elles. Mais il n'en est pas ainsi. Et la raison est très simple : même si les femmes étaient deux, cela n'empêchera pas un homme de leur faire une chose inappropriée. Par conséquent, même lorsqu'elles sont deux, un homme a l'interdiction de s'isoler avec elles.

  • mais une femme peut s'isoler avec deux hommes

Dans les pages 80b-81a, la Gamoro` s'intéresse alors à la conclusion de la première phrase de notre Mishnoh, à savoir, qu'une femme peut s'isoler avec deux hommes.

Rov Yahoudhoh a dit au nom de Rov : « Nous ne l'apprenons qu'avec [des hommes] Kashérim6. Par contre, avec [des hommes] Parousim7, même s'ils sont dix [elle ne peut pas s'isoler avec eux] ». Il arriva que dix hommes la firent sortir [une femme mariée] sur un brancard.8 Rov Yôséf a dit : « La preuve est que dix hommes peuvent s'assembler et voler une solive sans avoir honte les uns des autres ».
אמר רב יהודה אמר רב לא שנו אלא בכשרים אבל בפרוצים אפילו בי עשרה נמי לא הוה מעשה והוציאוה עשרה במטה אמר רב יוסף תדע דמיחברי בי עשרה וגנבי כשורא ולא מיכספי מהדדי

La raison pour laquelle une femme a l'autorisation de s'isoler avec deux hommes est qu'on estime que la présence d'un homme supplémentaire empêchera l'autre homme de faire des choses inappropriées avec la femme. Mais la Gamoro` fait comprendre que le nombre ne veut pas forcément dire quelque chose, car il arrive souvent que des hommes n'aient pas honte de commettre des choses inappropriées sur/avec une femme, bien que de nombreux autres hommes soient présents. Parfois, tous les hommes présents se coalisent même dans l'acte inapproprié. Par conséquent, la Halokhoh est que lorsqu'on dit qu'une femme peut s'isoler avec deux hommes, il ne s'agit, évidemment, que de deux hommes connus pour leur grande moralité car, dans ce cas, si l'un des deux a une tentation, la présence de l'autre suffira à le restreindre, car il n'osera pas faire une chose inappropriée en présence d'un autre homme moral. En outre, quand bien même l'un des deux ferait une chose inappropriée, on part du principe que l'autre homme l'avertira ou le dénoncera. Par contre, lorsqu'il s'agit d'hommes aux basses mœurs ou immoraux, peu importe leur nombre, une femme aura l'interdiction de s'isoler avec eux, puisque la présence des autres hommes n'empêchera pas l'un d'eux de lui faire des choses inappropriées. Pire encore, ils pourraient tous se coaliser contre elle.

La première condition pour permettre à une femme de s'isoler avec deux hommes est donc que les deux hommes soient des gens moraux.

Rov Yahoudhoh a dit au nom de Rov : « Nous ne l'apprenons qu'en ville. Mais sur une route, trois hommes sont nécessaires, par crainte que l'un ait un appel de la nature et que l'autre ne soit laissé seul avec une ´arwoh ».
אמר רב יהודה אמר רב לא שנו אלא בעיר אבל בדרך עד שיהיו שלשה שמא יצטרך אחד מהם להשתין ונמצא אחד מתייחד עם הערוה

Lorsque la Mishnoh disait qu'une femme peut s'isoler avec deux hommes, elle ne parlait que d'un isolement en « ville ». Il convient de signaler que dans le langage biblique et halakhique, la « ville » désigne tout endroit qui n'est pas isolé, à l'écart d'une forte population. Par contre, cette permission ne s'applique pas dans le cas où une femme se retrouve dans un endroit plus ou moins isolé, loin d'un peuplement de personnes, comme par exemple le bord d'une route. Dans un tel cas, ce ne sont pas deux mais trois hommes qui seront nécessaires, car l'endroit étant isolé, si l'un des deux hommes devait se mettre à l'écart pour s'occuper de ses besoins corporels, laissant ainsi l'autre homme seul avec elle, il n'y aurait alors plus d'homme pour servir de sauvegarde et empêcher le deuxième homme de faire une chose inappropriée. Par conséquent, lorsqu'il s'agit d'un endroit plus ou moins isolé, c'est trois, et non deux hommes, qui seront nécessaires, de sorte que si l'un s'absente, il y aura encore deux hommes.

La deuxième condition pour permettre à une femme de s'isoler avec deux hommes est donc que l'isolement se fasse en « ville », c'est-à-dire dans un endroit qui n'est pas à l'écart d'un peuplement de gens. Si l'endroit est isolé, comme par exemple au bord d'une route, c'est trois hommes qui seront nécessaires.

La Gamoro` se poursuit en traitant des cas où, quand bien même un homme et une femme seraient seuls, leur isolement ne transgresse pas les lois du Yihoudh :

Rabboh a dit : « [Lorsque] son mari est en ville, il n'y a pas de préoccupation pour cause de Yihoudh ».
אמר רבה בעלה בעיר אין חוששין משום ייחוד

Le concept de ַעֲלָהּ בְּעִיר « Ba´aloh Ba´ir » (son mari est en ville) est que lorsqu'une femme mariée se retrouve seule chez elle avec un homme, mais que son mari est « en ville », c'est-à-dire dans les environs, leur isolement n'est pas interdit. La raison à cela est qu'étant donné que le mari n'est pas loin, qu'il n'est absent que pour un moment pas trop long, et qu'il pourrait rentrer à la maison à n'importe quel moment, nous ne craignons pas qu'il puisse se produire quelque chose d'inapproprié. Mais là encore, l'homme avec lequel elle se trouve doit être quelqu'un de moral, parce que si c'est un homme immoral, il est évident que même le fait de savoir que le mari n'est absent que pour un court moment ou qu'il pourrait rentrer à n'importe quel moment, ne suffira pas à le retenir de faire ou tenter de faire une chose inappropriée.

Ainsi, si un couple recevait chez eux un homme moral et que le mari doit s'absenter, par exemple pour faire quelques courses, la femme peut rester seul avec cet homme. Le simple fait de savoir que le mari va bientôt rentrer et qu'il est dans les environs suffit à permettre cet isolement. C'est la première condition pour permettre à un homme et une femme d'être seuls.

Rov Yôséf a dit : « Si la porte s'ouvre vers le domaine public, il n'y a pas de préoccupation pour cause de Yihoudh »
אמר רב יוסף פתח פתוח לרשות הרבים אין חוששין משום ייחוד

La deuxième condition pour permettre à un homme d'être seul dans une pièce avec une femme, est si la porte ou la fenêtre donne sur le domaine public. C'est-à-dire, si des gens peuvent passer devant la maison ou la pièce dans laquelle ils se trouvent et les voir, on ne considère pas cela comme un isolement. C'est le concept de פְּתַח פָּתוּחַ לִרְשׁוּת הָרַבִּים « Pathah Pothouah Lirshouth Horabbim » (la porte s'ouvre vers le domaine public). Ce concept inclut également le as d'un homme et d'une femme seuls dans une pièce, mais la porte n'est pas fermée, ou verrouillée, et quelqu'un d'autre habitant dans cette maison (ou qui travaille là) pourrait entrer et les surprendre. Ainsi, par exemple, si un homme et une femme se retrouvent seuls dans un salon, mais que le mari, le père, etc., de cette femme est occupé dans la cour, bien qu'ils soient dans le salon et que la porte serait fermée (mais pas verrouillée), on ne considère pas qu'ils sont dans une situation de Yihoudh, car la pièce est accessible par d'autres. De même, si un homme reçoit dans son bureau une femme, mais que le bureau est accessible à d'autres personnes, ou que n'importe qui pourrait passer par-là, ce n'est pas une situation de Yihoudh. C'est ce qui se fait notamment dans les Bathé Dinim. Le rabbin reçoit une femme dans son bureau, mais la secrétaire se trouve dans le bureau à côté, ou la porte reste ouverte, ou la vitre de la porte du bureau n'est pas opaque et ils peuvent être vus de l'extérieur par n'importe qui passant par-là. Dans tous ces cas, il n'y a pas de Yihoudh.

La Gamoro` mentionne alors un cas d'exception :

Rov Bivi visita Rov Yôséf. Après [avoir mangé] le sandwich9, il leur dit [à ses serviteurs] : « Retirez l'échelle en-dessous de Bivi ! ».10 Mais Rabboh n'a-t-il pas dit « [Lorsque] son mari est en ville, il n'y a pas de préoccupation pour cause de Yihoudh » ? Rov Bivi était différent, parce qu'elle était sa meilleure amie, et qu'il était épris d'elle.
רב ביבי איקלע לבי רב יוסף בתר דכרך ריפתא אמר להו שקולי דרגא מתותי ביבי והא אמר רבה בעלה בעיר אין חוששין משום ייחוד שאני רב ביבי דשושבינתיה הואי וגייסא ביה

Nous avions vu plus haut que la Halokhoh permettait à une femme de s'isoler avec un homme si on mari était « en ville ». Pourquoi Rov Yôséf ne permit-il pas alors Rov Bivi d'être seul avec sa femme, alors qu'il resterait « en ville » ? C'est parce que Rov Bivi était trop proche de sa femme. C'est le concept de לִבּוֹ גַס בָּהּ « Libbô Gas Boh » (son cœur est épris d'elle). C'est la seule exception à la règle de « Ba´aloh Ba´ir ». La permission d'être seul avec une femme lorsque le mari de cette dernière se trouve « en ville » ne s'applique pas lorsqu'il existe une relation de grande familiarité entre cette femme et cet homme, car ils se sentent trop confortables, et le fait de savoir que le mari pourrait rentrer à l'improviste n'est pas une barrière suffisante. Comme cela est clairement bien expliqué à travers les exemples donnés dans le Shoulhon ´oroukh11 et le ´oroukh Hashoulhon12, ce concept de « Libbô Gas Boh » s'applique dans le cas d'un homme et d'une femme tellement amis que leur relation est à la limite du flirt, presque comme s'ils « sortaient » ensemble ou se draguaient. Dans de tels cas, il est clair et évident que le mari ne peut laisser sa femme seul avec cet homme, quand bien même il serait en ville.

La Gamoro` se poursuit en rapportant ceci :

Rov Kahano` a dit : « S'il y a des hommes à l'extérieur [d'une pièce] et des femmes à l'intérieur, il n'y a pas de préoccupation pour cause de Yihoudh.13 S'il y a des hommes à l'intérieur et des femmes à l'extérieur, il y a une préoccupation pour cause de Yihoudh14 ». Dans une Baraytho`15 il a été enseigné l'inverse.16 `abbayé a dit : « À présent que Rov Kahano` a tranché ainsi, bien que la Baraytho` ait enseigné l'inverse, j'agirai avec rigueur ! ». `abbayé faisait une séparation de cruches17, tandis que Ravo` faisait une séparation de joncs. `avin a dit : « Le moment le plus douloureux de l'année18 est une fête de pèlerinage19 ! »
אמר רב כהנא אנשים מבחוץ ונשים מבפנים אין חוששין משום ייחוד אנשים מבפנים ונשים מבחוץ חוששין משום ייחוד במתניתא תנא איפכא אמר אביי השתא דאמר רב כהנא הכי ותנא מתניתא איפכא אנא נעביד לחומרא אביי דייר גולפי רבא דייר קנה אמר אבין סקבא דשתא ריגלא

De ce passage nous voyons qu'après les temps mishnaïques, dans les temps ammoraïques, il fut décider de strictement séparer physiquement les hommes des femmes lors de tout rassemblement mixte. C'est pourquoi, chaque fois que des hommes et des femmes s'assemblaient, par exemple pour un sermon ou un mariage, `abbayé ז״ל formait une séparation de cruches entre les hommes et les femmes de sorte que si quelqu'un tentait de passer de la partie des hommes à celle des femmes, ou vice-versa, les cruches seraient déstabilisées, alertant ainsi tout le monde. Quant à Ravo`, il formait une séparation de joncs, de sorte que si quelqu'un tentait de passer d'un côté à l'autre, les joncs produiraient un bruit qui alerterait tout le monde.

Le pire moment de l'année était une fête de pèlerinage. Étant donné que les gens s'habillaient dans des tenues attractifs, mangeaient et buvaient beaucoup, et qu'avec l'interdiction de travailler ils avaient beaucoup plus de temps libres, il était plus probable à ce moment-là d'être tenté de commettre des transgressions. En outre, lors des fêtes de pèlerinage, les hommes et les femmes se rassemblaient généralement pour écouter des sermons, ce qui causait des mélanges après les sermons et pouvait occasionner des transgressions des lois du Yihoudh. C'est d'après certains l'origine de la pratique de beaucoup de jeûner le premier Lundi, premier Jeudi, et deuxième Lundi qui suivent Les fêtes de Pésah et Soukkôth. (Nous en avions parlé ici.)

  • Un homme peut s'isoler avec sa mère et avec sa fille

En traitant de la fin de notre Mishnoh, qui enseigne que les lois du Yihoudh ne s'appliquent pas à un père qui s'isolerait avec sa mère ou sa fille, la Gamoro` commente ceci :

Rov Yahoudhoh a dit au nom de Rov `asi : « Un homme peut s'isoler avec sa sœur, et habiter [seul] avec sa mère ou sa fille ».
אמר רב יהודה אמר רב אסי מתייחד אדם עם אחותו ודר עם אמו ועם בתו

Nous apprenons qu'un homme peut s'isoler de temps en temps avec sa sœur, mais par contre il ne doit pas habiter seul avec elle dans une maison sur une base régulière. C'est uniquement avec sa mère ou sa fille qu'il peut habiter seul. (S'il habite avec sa sœur, mais que d'autres personnes habitent avec eux, ce n'est pas un problème. C'est uniquement le fait d'habiter seul avec elle qui pose problème, et la raison à cela est qu'il peut exister une forte suspicion d'inceste lorsqu'un frère et une sœur habitent seuls ensemble. Et ne croyez pas que la Gamoro` exagère, les cas de relations amoureuses entre frères et sœurs sont légions, et plus encore à notre époque dégénérée. Quand un père vit seul avec sa fille, ou sa mère, pratiquement personne ne peut en arriver à croire qu'il se passerait quelque chose d'indécent. Mais ce n'est pas le cas d'un homme qui vit seul avec sa sœur, car d'office, à un moment ou à un autre, les gens se poseront des questions sur la nature de leurs relations.)

Et enfin, bien que la Mishnoh ait dit qu'en règle générale un homme avait l'interdiction de s'isoler avec deux femmes, la Gamoro` rapporte quelques cas d'exception :

Ravo` a dit : « Un homme peut s'isoler avec deux Yavomôth20, avec deux Sorôth21, avec une femme et sa belle-mère, avec une femme et la fille de son mari, et avec une femme et une enfant qui connaît la signification d'un rapport sexuel mais ne cédera pas à un rapport sexuel ».
אמר רבא מתייחד אדם עם שתי יבמות ועם שתי צרות עם אשה וחמותה עם אשה ובת בעלה עם אשה ותינוקת שיודעת טעם ביאה ואין מוסרת עצמה לביאה

Cinq cas d'exception sont rapportés par la Gamoro` :

  1. Un homme peut s'isoler avec deux Yavomôth : on parle donc du cas d'un homme isolé avec les épouses de deux frères. De telles femmes ont tendance à ne pas s'apprécier, parce que chacune comprend que lorsque son mari ou beau-frère mourra, le frère encore en vie pourrait accomplir la Miswoh de Yibboum (le mariage lévirat), et elle et sa belle-sœur deviendraient alors des coépouses, c'est-à-dire les épouses d'un même homme. De ce fait, elles ont la même animosité l'une envers l'autre que des coépouses. Par conséquent, elles ne se couvriront pas mutuellement si l'une d'elles commet des choses inappropriées avec cet homme en sa présence, et il est par conséquent permis pour un homme de se retrouver seul avec les deux en même temps.
  2. Un homme peut s'isoler avec deux Sorôth : on parle donc du cas d'un homme isolé avec les coépouses d'un homme. Chaque coépouse déteste l'autre, puisqu'elles doivent se partager le même mari. Par conséquent, il est plus que probable que si l'une d'elles commettait des choses inappropriées avec cet homme en sa présence, elle ne la couvrirait pas mais l'accuserait auprès de leur mari commun. De ce fait, un homme peut se retrouver seul avec deux coépouses d'un même mari.
  3. Un homme peut s'isoler avec une femme en présence de la belle-mère de cette dernière : il y a toujours, dans un degré ou un autre, une certaine rivalité entre une femme et sa belle-mère (la mère de son mari), et il est évident que s'il se passait quelque chose avec cet homme avec lequel elles sont isolées, elles ne se couvriraient pas mutuellement. Par conséquent, un homme peut se retrouver seul avec une femme et la belle-mère de celle-ci.
  4. Un homme peut s'isoler avec une femme en présence de la fille du mari de cette dernière : on parle donc du cas d'une femme qui s'est remariée à un homme qui avait déjà des enfants. Les enfants de son mari pourraient arborer du ressentiment envers elle pour avoir pris la place de leur mère dans le cœur de leur père. Il est donc évident que si cette femme commettait quelque chose d'inapproprié avec cet homme, ils la dénonceraient et ne la couvriraient pas.
  5. Un homme peut s'isoler avec une femme en présence d'un enfant qui connaît la signification des rapports sexuels mais ne cédera pas à un rapport sexuel : on parle ici du cas d'un enfant qui est suffisamment âgé que pour se rendre compte qu'il vient d'assister à un acte intime entre un homme et une femme, et qui saura donc rapporter à d'autres ce qu'il a vu. Dans le même temps, cet enfant est trop jeune que pour avoir des rapports sexuels ou en ressentir le désir. Sa présence sert donc de barrière pour empêcher l'homme et cette femme de commettre des choses inappropriées.

Il convient de signaler que bien que dans les cas d) et e) on parle spécifiquement de la fille du mari de cette femme ou d'une fille suffisamment mature que pour savoir ce que sont les rapports intimes, toutes ces lois s'appliquent de la même manière à un garçon.

De cette Gamoro`, nous pouvons comprendre aisément que lorsque la Halokhoh interdit à un homme de s'isoler avec deux femmes, c'est uniquement lorsque si les deux femmes se couvriraient au cas où une chose indécente se produisait ou que même la présence de l'autre femme ne suffira pas à empêcher qu'une chose indécente se produise. Mais dans tous les cas où il est probable que les deux femmes ne se couvriront pas mutuellement si quelque chose se passait, et que l'une dénoncera l'autre, un homme pourra s'isoler avec ces deux femmes, et les lois de Yihoudh ne s'appliquent alors pas.

Tout cela est logique : puisque ces lois ont pour but d'éviter que quelque chose d'indécent ne se produise entre un homme et une femme, s'il y a un élément présent qui pourrait empêcher qu'un acte indécent ne se produise, ou un élément présent qui ferait que l'homme et la femme auraient honte de s'adonner à des choses indécentes, ou qu'une des personnes pourraient dénoncer les coupables s'ils faisaient quelque chose d'indécent, il n'y a alors pas de problème de Yihoudh.

Nous analyserons d'autres passages talmudiques dans la deuxième partie.

1C'est-à-dire même si leurs corps se touchent (les Israélites dormaient essentiellement nus)
2Qu'un homme a l'interdiction de s'isoler avec une femme ; la question doit se comprendre dans le sens « D'où peut-on le déduire ? », comme l'indique la suite du passage
3Davorim 13:6
4Introduction du Ramba''m à son « Commentaire sur la Mishnoh » ; il le redit également dans son Möréh Navoukhim
5Kouzari 3:73
6Respectables, ou connus pour être des gens moraux
7Immoraux
8C'est une fameuse histoire concernant dix hommes qui étaient allés prendre une femme qui avait simulé la mort. Ils la firent sortir sur le brancard des morts afin de l'emmener jusqu'au cimetière et l'enterrer. Mais la femme était vivante et commis l'adultère avec les dix hommes
9C'est une référence à l'ancienne pratique consistant à mettre du sel et des légumes entre les tranches de pain
10Ils se trouvaient dans la chambre haute, et Rov Yôséf et son épouse s'apprêtaient à descendre, laissant ainsi Rov Bivi seul à l'étage. Mais avant de quitter la maison, Rov Yôséf donna cet ordre afin que Rov Bivi ne puisse pas descendre et se retrouver avec sa femme
11`évan Ho´azar 22:8
12`évan Ho´azar 22:6
13Les hommes ne peuvent avoir aucune raison valable pour se rendre chez les femmes, étant donné que leur nature les attire vers la rue
14Les hommes seront contraints de passer par la pièce des femmes. Or, un homme ne doit pas s'isoler avec une femme, peu importe leur nombre
15Un enseignement non repris dans la Mishnoh
16Lorsque des hommes se trouvent dans une pièce extérieure, nous craignons que l'un d'eux passe dans la pièce intérieure sans que les autres ne le remarquent. Par contre, si des hommes se trouvent dans la pièce intérieure, nous ne craignons pas qu'une femme de la pièce extérieure entre, car de toute façon une femme peut être seule avec deux hommes ; nous ne craignons pas non plus qu'un homme puisse entrer dans la pièce des femmes, étant donné que les autres le suivront, puisque c'est leur tendance naturelle
17Lorsque des hommes et des femmes étaient assemblés ensemble, comme par exemple pour un mariage ou un sermon
18Où il est à craindre de l'immoralité
19Puisque de nombreuses personnes se rassemblent
20Lorsqu'un homme meurt sans avoir eu d'enfants avec sa femme, la femme doit en priorité se remarier avec un membre de la famille de son défunt mari. On l'appelle alors une Yavomoh (singulier de « Yavomôth »)

21Littéralement, « des rivales ». On parle ici de deux femmes mariées au même homme, donc des coépouses
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