ב״ה
Les
Lois de Niddoh
La
femme Niddoh, la Synagogue et les rituels religieux
Deuxième
Partie
Cet
article peut être téléchargé ici.
- Les premiers Pôsqim `ashkanazim
Au
début du Moyen-âge, qui fut une période de grande superstition
dans la société européenne, les Minhoghim qui éloignaient les
femmes de la Synagogue et de l'accomplissement de rites religieux
étaient courants dans les communautés juives d'Allemagne et de
France, à cause de l'influence du Baraytho` DaNiddoh et du Séfar
Hammiqsô´ôth, des ouvrages dont nous avons parlés dans les
deux précédents articles. Les femmes dans ces communautés
évitaient de prononcer des bénédictions, de prier et d'entrer dans
les Synagogues durant leurs périodes menstruelles. Ces Houmrôth
(mesures de rigueur) furent consignées par écrit dans les Pisqé
Dinim de quelques-uns des Pôsqim `ashkanazim des 12ème et 13ème
siècles.
- Rov `al´ozor de Worms (`ashkanaz, né aux environs de 1160, mort aux environs de 1230), auteur du Séfar Harôqéah)
Il
y a une influence très clairement marquée du Baraytho` DaNiddoh (un
livre pourtant hérétique) sur les règles de Niddoh énoncées par
le Rov `al´ozor de Worms. Il cite toute une longue série de
Houmrôth au nom des « Ma´aséh Hagga`ônim » et
averti que l'impureté menstruelle est dangereuse.1
Concernant
le fait de ne pas se rendre à la Synagogue, il écrit2 :
« [Une Niddoh] a l'interdiction d'entrer dans la Synagogue
jusqu'à ce qu'elle se soit immergée dans l'eau, étant donné que
le crachat d'une Niddoh est impur ». Comme nous l'avons
montré dans l'article
précédent, cette interdiction tire sa source du Baraytho`
DaNiddoh, et il est évident que le Rov `al´ozor de Worms acceptait
les Houmrôth qui y étaient contenues comme étant la
« Halokhoh ».
- Rov `ali´azar ban Yô`él Halléwi, surnommé le Ra`avia''h (`ashkanaz, 1140-1220)
Le
Ra`avia''h écrit ceci3 :
... les Niddôth...
ont la permission d'accomplir toutes ces choses (la prière et les
bénédictions)... Mais les femmes se sont restreintes et isolées
durant leurs périodes menstruelles de sorte qu'elles n'entrent pas à
la Synagogue et, même lorsqu'elles prient, elles ne se tiennent pas
devant leurs amies. Et je l'ai vu écrit dans les paroles des
Ga`ônim qui citaient une Baraytho`, qui ne se trouve pas dans notre
Tôsafto`. Et c'est une coutume valable, etc.
Le
Ra`avia''h admet que, d'après la Halokhoh, les Niddôth peuvent
s'adonner à tous les rites religieux comme n'importe laquelle des
personnes impures. Cependant, il atteste que les femmes de son époque
se seraient empêchées elles-mêmes de se rendre à la Synagogue
durant leurs périodes menstruelles. Mais bien qu'elles n'allaient
pas à la Synagogue, elles priaient, et les femmes qui étaient pures
prenaient soin de ne pas prier près de celles qui étaient impures
afin que les femmes impures n'aient pas à répondre « `omén »
et commettre un Hilloul HaShem, une règle qui découle tout droit du
Baraytho` DaNiddoh, page 19, comme nous l'avions vu dans
l'article précédent. En fait, quand le Ra`avia''h parle des
« paroles des Ga`ônim », il voulait dire le « Séfar
Hammiqsô´ôth », parce que cette interdiction ne se
retrouve dans aucun des écrits des Ga`ônim, mais dans le Séfar
Hammaqsô´ôth, pages 19-20, comme cela a
été rapporté dans l'article précédent. Quant à la Baraytho`
qu'il mentionne, il s'agit de la Baraytho` DaNiddoh, et non des
Baraytôth contenues dans la Tôsafto`.
Bien
que le Ra`avia''h concède que la Halokhoh permet aux femmes de
s'adonner aux rites religieux, il considère que le Minhogh des
femmes qui s'en empêchent est « valable » (alors qu'il
ne l'est pas du tout, puisque basé sur de la superstition et un
livre hérétique).
- Rov Yishoq de Vienne (`ashkanaz, né aux environs de 1180, et mort aux environs de 1250), auteur du `ôr Zaroua´
Voici
ce qu'écrit le Rov Yishoq de Vienne4 :
Il y a des femmes
qui évident d'entrer à la Synagogue et de toucher un Séfar Tôroh ;
c'est juste une Houmroh, mais elles font une bonne chose. Mon
maître, `ovi Ho´azri (le Ra`avia''h) m'a dit que certaines femmes
ne prient pas derrière une femme Niddoh et il disait avoir trouvé
cela explicitement dans la Baraytho` Damasékhéth Niddoh. Il m'a dit
qu'il y a trouvé de nombreuses Houmrôth.
Voici la règle : on doit être aussi strict qu'on le peut
concernant la Niddoh, et on sera béni pour cela.
Le
Rov Yishoq de Vienne mentionne ici les Houmrôth tirées
du livre hérétique « Baraytho` Damasékhéth Niddoh »
(l'autre appellation du « Baraytho` DaNiddoh »). Il les a
apprises de son maître, le Ra`avia''h, et il est évident qu'il n'a
lui-même jamais lu personnellement le Baraytho` DaNiddoh, mais qu'il
se basait sur ce qu'il en a entendu de son maître. Et comme ce
dernier, il concède que ce ne sont que des Houmrôth, ou des
Minhoghim, mais pas des Halokhôth. Néanmoins, il est d'accord avec
son maître qu'il est une bonne chose de suivre ces Minhoghim.
Nous
nous devons, par honnêteté, de signaler que très peu de Pôsqim
`ashkanazim des 12ème et 13ème siècles se référaient à ces
Houmrôth. Les quelques-uns qui le faisaient appartenaient
tous aux Hasidhé `ashkanaz (à ne pas confondre avec le
mouvement hassidique), un mouvement de pseudo piétistes qui
étaient tous baignés dans le mysticisme (et qui dit « mysticisme »
dit forcément « superstition » et « déraison »).
Les auteurs du Séfar Harôqéah et du `ôr Zaroua´ étaient tous
deux des disciples de Rabbi Yahoudhoh Hahosidh (décédé en
1217), une figure centrale du mouvement des Hasidhé `ashkanaz
(c'est sur ce mouvement, entre autre, que les Hasidhim venus
au 18ème siècle basèrent bon nombre de leurs pratiques étranges
et hérétiques). Pour vous donner une idée de qui était le Rov
Yahoudhoh Hahosidh et les excès dans lesquels tombent tous
ceux qui touchent au mysticisme, voici l'anecdote suivante rapportée
dans les Tashouvôth du Maharsha''l, à la fin de la Tashouvoh
n°29 :
Rabbi Yahoudhoh
Hahosidh, de Spire, dû immigrer de sa terre natale pour
Ratisbonne, à cause du fait que sa femme avait touché son coffre,
bien qu'il l'avait avertie, « Ne touche pas mon coffre lorsque
tu n'es pas pure ! ». Elle oublia et le toucha, et il y
avait de nombreux secrets sacrés écrits dans les livrets se
trouvant dans ce coffre.
D'après
cette histoire, Rabbi Yahoudhoh Hahosidh décida de quitter sa
terre natale simplement parce que sa femme avait touché son coffre
contenant des livres mystiques alors qu'elle était Niddoh.
Pourquoi ? Parce que la femme Niddoh est perçue comme quelqu'un
capable de nuire à son mari, exactement comme cela est enseigné
dans le Baraytho` DaNiddoh !
Les
Hasidhé `ashkanaz accordaient une place centrale au Baraytho`
DaNiddoh, qu'ils considéraient comme faisant autorité d'un point de
vue halakhique, raison pour laquelle ils suivaient scrupuleusement
les interdictions qui y étaient contenues.
- Trouver l'équilibre entre les Houmrôth et la Halokhoh
Au
Moyen-âge, les communautés séfarades n'acceptaient aucune des
restrictions éloignant les femmes de la Synagogue et leur
interdisant les activités religieuses, tandis que les communautés
ashkénazes tendaient à les accepter. (Jusqu'à aujourd'hui, il
existe des différences notoires entre ashkénazes et séfarades au
niveau des lois de Niddoh, comme par exemple le nombre de jours
qu'une femme est considérée Niddoh, à partir de quand est-ce
qu'elle doit compter ses sept jours, etc. Nous y reviendrons, Dieu
voulant, dans d'autres articles. Ces différences sont tellement
marquées que beaucoup de livres sur les lois de Niddoh indiquent sur
la couverture à quelle communauté ces livres sont destinés, ou
sont divisés en deux, avec une partie réservée aux ashkénazes et
une partie réservée aux séfarades.) Le Ramba''m ז״ל
et
Rabbi Yôséf Qa`rô (voir l’article précédent) tranchèrent
explicitement qu'une femme Niddoh peut s'adonner aux activités
religieuses et même tenir un Séfar Tôroh. À l'inverse, les
communautés ashkénazes acceptaient ces Houmrôth du
Baraytho` DaNiddoh, quelques fois comme des Halokhôth, et quelques
fois comme des Minhoghim.
Ces
Houmrôth incluaient de s'abstenir d'entrer dans une
Synagogue, ainsi que de prier, réciter des bénédictions, et
toucher un Séfar Tôroh et n'importe quel livre religieux. Ces
Minhoghim étaient intégralement ou partiellement suivis parmi les
femmes ashkénazes. La règle voulait que les Minhoghim des femmes
qui se transmettaient de mère en fille avaient un tel pouvoir qu'il
était difficile de les mépriser. C'est ainsi qu'ils se
perpétuèrent.
Comme
nous allons le voir ci-dessous, les Pôsqim `ashkanazim qui
n'appartenaient pas à la mouvance des Hasidhé `ashkanaz
furent confrontés à un grand dilemme lorsque ces Houmrôth
furent adoptées par un nombre conséquent de `ashkanazim au-delà
des rangs des Hasidhé `ashkanaz : d'un côté, ils
cherchaient à faire des compromis avec les Minhoghim existants et se
sentaient contraints de défendre les Minhoghim des femmes. Mais de
l'autre côté, ils tenaient de limiter la portée de ces Minhoghim,
car ils n'étaient que des Houmrôth, et non ce qu'exigeait la
Halokhoh. Voici quelques exemples illustrant ce dilemme :
- Rabbi Yisro`él `isserlein (Allemagne, 1390-1460)
Le
Rov Yisro`él `isserlein permit aux femmes Niddôth de se rendre à
la Synagogue, au moins durant les fêtes de Tishri. Il écrit ceci5 :
Je leur ai permis
de se rendre à la Synagogue lors des Grands Fêtes et d'autres
occasions similaires, où de nombreuses femmes se rassemblent à la
Synagogue pour écouter les prières et les lectures de la Tôroh. Et
je me suis appuyé sur Rash''i, qui le permet dans ses Hilkôth
Niddoh, afin de satisfaire les femmes, car cela les rendrait triste
et les affligerait si tout le monde se rassemblait en communauté
mais qu'elles devaient rester à l’extérieur.
Le
Rov `isserlein admet qu'il n'y a aucune prescription halakhique
interdisant aux femmes Niddôth d'entrer dans une Synagogue. C'est
pourquoi, bien que c'était le Minhogh des femmes `ashkanaziyôth de
s’abstenir de le faire, il leur permit de s'y rendre, plus
particulièrement durant les dix jours entre Rô`sh Hashonoh et Yôm
Hakkippourim, afin de ne pas leur causer de tort et de peine.
Concernant
les prières et les bénédictions, l'opinion du Rov `isserlein est
citée par son disciple, Rabbi Yôséf de Höchstadt6 :
« Et le Rov isserlein trancha qu'elles doivent faire la
bénédiction sur les bougies, et réciter [en fait] toutes les
bénédictions ».
- Rabbi Ya´aqôv ban Yahoudhoh Landau (`ashkanaz-Italie, 15ème siècle), auteur du Séfar Ho`oggour
Le Rov Landau
rapporte dans son Séfar Ho`oggour les Houmrôth contenues
dans le Séfar Hammiqsô´ôth et le `ôr Zaroua´. Après les
avoir mentionnées, il écrit ceci7 :
Et moi, l'auteur,
j'ai observé que dans mon pays les femmes sont accoutumées à
entrer dans la Synagogue, prier et répondre à toutes les paroles de
sainteté. Elles prennent seulement soin de ne pas regarder le Séfar
Tôroh lorsque le Ba´al Qôréh le montre aux gens.
En d'autres mots,
le Rov Landau était conscient des nombreuses restrictions relatives
aux Niddôth et leur rapport avec les rites religieux. Néanmoins, il
atteste que dans son pays (on ne sait pas s'il parle de l'Allemagne,
où il est né, ou de l'Italie, où il a publié ce livre) les femmes
Niddôth avaient la coutume de se rendre à la Synagogue, prier,
répondre aux bénédictions. La seule trace des Minhoghim de
distanciation qui était restée était que les femmes s'abstenaient
de regarder le Séfar Tôroh lorsqu'il était soulevé par le Ba´al
Qôréh.
- Rabbi Môshah `issarlès de Cracovie, surnommé le Ramo''` (Pologne, 1525-1572)
Nous avions
mentionné dans l'article précédent que Rabbi Yôséf Qa`rô, dans
son Shoulhon ´oroukh, `ôrah
Hayim 88:1, avait tranché que les femmes
Niddôth pouvaient lire et étudier la Tôroh, ainsi que prier. Mais
dans ses gloses sur le Shoulhon ´oroukh, voici ce qu'écrit
Rabbi Môshah `issarlès (qui commenta le Shoulhon ´oroukh à
l'intention des communautés ashkénazes) :
Certains
ont écrit qu'une femme Niddoh, lorsqu'elle expérimente ses
écoulements de sang], ne doit pas entrer à la Synagogue, ni
prier, ni mentionner le Nom, ni toucher un rouleau (Haggohôth
Maymôni, Chapitre 4). Certains disent que tout cela lui est
permis, et telle est l'opinion principale (Rash''i, Hilkôth
Niddoh). Mais le Minhogh dans ces pays suit la première
opinion. Mais nous sommes accoutumés à permettre durant les
jours blancs. Même dans une localité où les gens sont
accoutumés à être stricts, lors des Grandes Fêtes et occasions
similaires, où beaucoup se rassemblent et vont à la Synagogue,
elles ont la permission de se rendre à la Synagogue comme les
autres femmes. [la raison à cela] que si elles devaient rester
dehors alors que tous se rassemblent et vont à la Synagogue, ce
serait très pénible pour elles. (Pisqé Mahar`''i, Simojn
132).
|
יש
שכתבו שאין לאשה נדה בימי ראייתה ליכנס
לבית הכנסת או להתפלל או להזכיר השם או
ליגע בספר (הגהות
מיימוני פרק ד').
ויש
אומרים שמותרת בכל וכן עיקר (רש"י
הלכות נדה).
אבל
המנהג במדינות אלו כסברא ראשונה.
ובימי
לבון נהגו היתר ואפילו במקום שנהגו
להחמיר בימים נוראים וכהאי גוונא שרבים
מתאספים לילך לבית הכנסת מותרין לילך
לבית הכנסת כשאר נשים כי הוא להן עצבון
גדול שהכל מתאספים והן יעמדו חוץ (פסקי
מהרא"י
סימן קל"ב
|
On voit ici tous
les talents d'acrobate du Ramo''`. Il commence par rapporter
l'opinion stricte, poursuit en disant qu'il est d'accord avec Rash''i
ז״ל
(dans
le langage halakhique, l'expression כן
עיקר « et
telle est l'opinion principale » marque une approbation), mais
conclut néanmoins que le Minhogh des communautés polonaises
consiste à suivre l'opinion stricte. Toutefois, étant donné que ce
n'est qu'un Minhogh, certains Pôsqim accordèrent des autorisations
pour les jours blancs. Puis, suivant l'approche du Rov `isserlein
(voir plus haut), le Ramo''` autorise les Niddôth à entrer à la
Synagogue lors des fêtes de Tishri, même pendant leurs périodes de
menstruation, afin de ne pas les peiner. Un vrai travail
d'équilibriste, ou comment manger à toutes les tables !
- Rabbi `avrohom Gombiner (Pologne, 1637-1683), auteur du Moghén `avrohom
En réponse à la
première opinion citée par le Ramo''` selon quoi les femmes Niddôth
ne pourraient pas mentionner le Nom de Dieu, le Rov `avrohom Gombiner
commenta ceci8 :
Certains disent
que les femmes ont une obligation biblique de réciter la Birkath
Hammozôn. S'il en est ainsi, comment peuvent-elles mépriser un
commandement biblique sur la base d'une coutume infondée ?
C'est pourquoi, il me semble qu'elle doit au moins écouter d'autres
réciter la Birkath Hammozôn, et s'il n'y a personne d'autre de
présent, elle doit la réciter elle-même à voix basse. C'est
d'autant plus le cas concernant le Qiddoush, qui est une obligation
biblique.
En d'autres mots,
étant donné que les femmes ont une obligation biblique de réciter
la Birkath Hammozôn après un repas et le Qiddoush à Shabboth (nous
avions d'ailleurs mentionné ici
que les femmes étaient autant astreinte à l'obligation du Qiddoush
que les hommes), ces commandements bibliques ne peuvent pas être
méprisés au nom d'un Minhogh selon lequel les femmes ne devraient
pas réciter de bénédictions, ni prier, durant leur période
menstruelle, qu'il décrit d'ailleurs comme un Minhogh infondé.
Toutefois, il
accepte le Minhogh des femmes de ne pas entrer à la Synagogue ou
regarder un Séfar Tôroh lorsqu'elles sont Niddôth, « et
elles le font comme une coutume basée sur le respect et non parce
que c'est interdit ». Comment peut-il, d'un côté, décrire
comme infondé le Minhogh selon quoi les femmes ne devraient pas
prier ou réciter des bénédictions lorsqu'elles sont Niddôth et,
de l'autre côté, décrire comme une marque de respect les Minhoghim
selon quoi les femmes ne devraient pas se rendre à la Synagogue ou
regarder un Séfar Tôroh lorsqu'elles sont Niddôth, alors que tous
ces Minhoghim émanent des mêmes sources infondées ? Ce sont
les contradictions typiques des gens qui veulent faire des acrobaties
pour satisfaire tout le monde !
De nombreux
Pôsqim, comme les auteurs du Hayé `odhom et du Mishnoh
Barouroh, suivirent l'approche du Moghén `avrohom : ils
n'acceptaient pas les Houmrôth connectées à la prière et
la mention du Nom de Dieu, mais ne s'opposaient pas aux Minhoghim des
femmes de ne pas regarder un Séfar Tôroh et d'entrer dans une
Synagogue.
- Opposition explicite à ces Houmrôth et Minhoghim
Plusieurs Pôsqim
eurent le courage d'explicitement s'opposer à tous ces Minhoghim et
Houmrôth. Voici quelques-uns d’entre eux :
- Rabbénou Yarouham (Provence-Espagne, 1290-1350), l'auteur du Séfar Tôldhôth `odhom WaHawwoh
Rabbénou Yarouham
ז״ל
s'opposa
vigoureusement à tous ces Minhoghim qui, apparemment, s'était
également répandus dans la Provence du 14ème siècle. Il écrit9 :
Certaines d'entre
elles n'entrent pas à la Synagogue durant toute cette période.
C'est un Minhogh erroné et une grande hérésie. On doit les
réprimander !
- Rabbi Yôséf Youspa` Hahn (Allemagne, 17ème siècle), l'auteur du Yôséf `ômas
Le Rov Hahn ז״ל
s'opposa
aux Houmrôth que les femmes s'imposaient après un accouchement. Il
écrit10 :
Les femmes après
un accouchement s'imposent des Houmrôth qui mènent à la diminution
de l'honneur de Dieu, béni soit-Il. Elles ne mentionnent pas le Nom
de Dieu durant toute la période qui suit l'accouchement jusqu'à ce
qu'elles se rendent à la Synagogue, et mangent donc sans s'être
lavé les mains et sans avoir prononcé une bénédiction, et elles
ne récitent pas la Birkath Hammozôn, en plus de ne pas prier et ne
pas réciter le Shama´.
- Rabbi Hizqiyohou Da Silva (Italie-Palestine, 1659-1698), l'auteur du Pari Hodhosh
Au 17ème siècle,
ces Houmrôth se répandirent également aux communautés
séfarades, ce qui était nouveau. L'opposition du Rov Hizqiyohou
Da Silva ז״ל
le
confirme. Il écrivit ceci dans son commentaire sur le Shoulhon
´oroukh11 :
Chaque homme doit
émettre un avertissement dans sa maison à l'effet qu'elles ne
doivent pas éviter de prier, qu'elles ont la permission, et même
l'obligation, de prier.
- Rabbi `éliyohou ban Shalômôh Zalman (Lituanie, 1720-1797), surnommé le Go`ôn de Wilno` (ou le « Gra''`)
Une Niddoh et une
femme après l'accouchement peuvent prier sans réserve, même
pendant qu'elles saignent, et il leur est permis de prier à la
Synagogue immédiatement.
Ces Pisqé Dinim
et avertissements par les Pôsqim attestent que ces Houmrôth
et Minhoghim insensés n'avaient pas disparu du temps des `aharônim.
Ils ne commencèrent à décliner dans les communautés ashkénazes
qu'au 19ème siècle. De nos jours, ils ont pratiquement disparu et
la plupart des femmes Niddôth se rendent à la Synagogue et prient
sans aucune crainte. Néanmoins, il existe encore quelques poches de
résistance où ces pratiques superstitieuses sont encore suivies.
Que cela soit la volonté d'HaShem qu'elles disparaissent totalement,
prochainement et de nos jours. `omén !
- Conclusion
Nous pouvons
résumer tout ce que nous avons appris de la manière suivante :
- D'après la Tôroh, une femme qui a des saignements utérins est impure, et est appelée « Niddoh » si cela se produit durant son cycle menstruel, ou « Zovoh » si cela se produit en-dehors ou au-delà de son cycle menstruel. Cette impureté n'avait de pertinence qu'aux époques du Mishkon et du Béth Hammiqdhosh, car ces Sanctuaires d'HaShem devaient rester constamment purs. Par conséquent, la femme Niddoh, comme n'importe quelle autre personne impure, ne pouvait pas approcher le Mishkon ou le Béth Hammiqdhosh, et tout objet ou personne qui la touchait devenait par-là impur et ne pouvait à son tour approcher le Mishkon ou le Béth Hammiqdhosh. Et lorsque le Mishkon existait, étant donné qu'il était situé à l'intérieur du camp des Israélites, les femmes Niddôth, comme n'importe quelle autre personne impure, devaient sortir du camp pour ne pas profaner le Mishkon.
- Après la destruction du Béth Hammiqdhosh, les Bathé Hakkippourim et les Bathé Midhroshim devinrent les institutions religieuses principales du culte israélite, remplaçant ainsi le Béth Hammiqdhosh. Puisqu'il n'y avait plus de Qorbonôth, les Tafillôth et le Limoudh Tôroh remplacèrent les Qorbonôth. HaZa''l considéraient la Synagogue comme un sanctuaire en miniature et les prières furent organisées aux mêmes heures qu'étaient offertes dans le passé les Qorbonôth.
- En dépit de cette comparaison au Béth Hammiqdhosh, ni la Mishnoh, ni la Tôsafto`, ni le Midhrosh, ni la Gamoro`, n'exigèrent des personnes impures, parmi lesquelles sont inclues les femmes Niddôth, de s'abstenir de se rendre à la Synagogue, étudier et lire la Tôroh, réciter le Shama´ ou toute autre bénédiction, ou encore prier. La majorité des Ga`ônim, Rash''i, le Ramba''m et Rabbi Yôséf Qa`rô tranchèrent que les femmes Niddôth devaient s'adonner aux activités religieuses durant leurs périodes de menstruation. En d'autres mots, d'un point de vue halakhique, aucune interdiction n'existe concernant l'accomplissement d'activités religieuses par une Niddoh.
- Durant l'ère des Ga`ônim, des coutumes et restrictions étranges basées sur des superstitions commencèrent à être appliquées aux femmes Niddôth. Ces restrictions furent consignées par écrit pour la première fois dans un ouvrage intitulé « Baraytho` Damasékhéth Niddoh » ou simplement « Baraytho` DaNiddoh », qui fut sans aucun doute rédigé par une secte qui ne suivait pas la Halokhoh normative (le Ramba''m pense qu'il s'agirait des Karaïtes). Ces restrictions furent plus tard reprises dans un ouvrage intitulé « Séfar Hammiqsô´ôth », probablement à la fin de l'ère des Ga`ônim. Ce livre exigea des femmes Niddôth de ne pas prier, ni entrer dans une Synagogue. Il ne fait aucun doute que le Baraytho` DaNiddoh fut la source du Séfar Hammiqsô´ôth.
- Au début de la période du Moyen-âge, ces Houmrôth se répandirent fortement dans les communautés d'Allemagne et de France, à cause de l'influence grandissante du Baraytho` DaNiddoh et du Séfar Hammiqsô´ôth. Les femmes dans ces communautés évitaient de réciter des bénédictions, de prier et d'entrer dans une Synagogue durant leurs périodes de menstruation. D'après le témoignage de Rash''i, ces Houmrôth existaient déjà au 11ème siècle. Une minorité de Pôsqim `ashkanazim des 12ème et 13ème siècle les acceptèrent et les citèrent abondamment, les élevant ainsi au rang de « Halokhoh ». Ces Pôsqim étaient liés au mouvement des Hasidhé `ashkanaz, qui étaient profondément versés dans le mysticisme et influencés par la littérature mystique, qui était clairement connectée au Baraytho` DaNiddoh.
- Les communautés séfarades du Moyen-âge n'acceptèrent pas ces Houmrôth.
- Ces Houmrôth furent acceptée entièrement ou partiellement par les femmes des communautés ashkénazes bien au-delà des Hasidhé `ashkanaz. Ce devinrent des Minhoghim de femmes qui se transmettaient de mère en fille, et ils étaient devenus incontournables. C'est pourquoi, de nombreux Pôsqim ne faisant pas partie des Hasidhé `ashkanaz se sentirent contraints de traiter du sujet. D'un côté, ils cherchèrent à faire des compromis et accepter le statut quo pour maintenir ces Minhoghim de femmes. Mais de l'autre côté, ils tentèrent de limiter la portée de ces Minhoghim, parce qu'il ne s'agissait que de Houmrôth et non de la Halokhoh.
- Certains Pôsqim s'opposèrent explicitement à ces Minhoghim. Leur opposition nous montre que ces Minhoghim n'avaient pas disparu du temps des `aharônim. Ces Minhoghim ne commencèrent à décliner parmi les communautés juives ashkénazes qu'au 19ème siècle, et de nos jours, ils ont pratiquement disparus parmi les femmes `ashkanaziyôth.
Conclusion :
Les femmes Niddôth peuvent aller à la Synagogue, toucher le Séfar
Tôroh et n'importe quel livre religieux, étudier et lire la Tôroh,
prier et réciter des bénédictions, comme n'importe quel autre
Israélite.
1Séfar
Harôqéah, Hilkôth Niddoh, paragraphe 318, page 205
2Ibid.,
page 206
3Séfar
Ra`avia''h, Volume 1, Masékhéth Barokhôth, paragraphe 68, page 45
4`ôr
Zaroua´, Volume 1, Zitômir, 1866, Hilkôth Niddoh, Paragraphe 360
5Taroumath
Haddashan, Pasaqim Oukhthavim, n°32
6Léqét
Yôshér, `ôrah Hayim, page 131
7Séfar
Ho`oggour, Hilkôth Taviloh, Paragraphe 1388
8Moghén
`avrohom, `ôrah Hayim 88:2
9Séfar
Tôldhôth `odhom WaHawwoh, Volume Hawwoh, Nétiv 26,
Section 3, page 223c
10Yôséf
`ômas, Partie 3, pages 342-343
11Pari
Hodhosh, , `ôrah Hayim 88
12Ma´aséh
Rov, Paragraphe 58. Voir aussi le commentaire du Gra''` sur
`ôrah Hayim 88