ב״ה
Comment
les Juifs Hassidiques « célèbrent » Noël
Ou
quand la superstition prend le dessus sur la Tôroh
Illustration :
Des Hasidhim Loubavitch jouant aux échecs la nuit de Nittel
Nakht
Cette
publication peut être téléchargée ici.
Ce
qui suit est une traduction d'un article publié il y a quelques
temps dans le journal sioniste Haaretz.
(Je n'ai pas traduit le paragraphe dans lequel Herzl est mentionné,
car non seulement cela n'a aucune pertinence pour le sujet en
question, mais en plus c'est une anecdote stupide. J'ai également
passé le paragraphe concernant l'étymologie et l'origine du mot
« Nittel ». Mais vous pourrez les lire par vous-mêmes
dans l'article original.) Ayant fréquenté de longues années ces
milieux, je peux confirmer que cet article rapporte des faits exacts.
Mes remarques seront données en notes de bas de page, ainsi qu'à la
fin de l'article.
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À
Nittel Nakht, connue de par le monde sous l’appellation de veillée
de Noël, les juifs hassidiques
croient que les mauvais penchants s’expriment plus que jamais. Afin
d’éviter tout dommage qui pourrait résulter de ce phénomène,
ils s’abstiennent d’étudier la Tôroh de façon à ne pas
laisser les démons obtenir le moindre mérite de cet acte, et ils
s’abstiennent d’accomplir la Miswoh de fructifier et se
multiplier1.
Pas de
relations sexuelles. Durant cette nuit, les Hasidhim
croient que les Qalippôth, ou manifestations des forces du mal,
deviennent plus fort. Le Séfar Hamminhoghim (Le Livre des Coutumes)2
enseigne que la plupart des hérétiques qui ont abandonné leur foi
et se sont convertis du Judaïsme [au Christianisme] étaient nés à
la suite d'un accouplement illicite ayant eu lieu le jour de
l'anniversaire du premier Chrétien.3
Jeu
d’échecs et jeux de cartes. À Nittel Nakht, les Hasidhim
profitent d'une expérience assez rare dans la vie quotidienne des
ultra-orthodoxes : du temps libre supplémentaire. Dans le
folklore qui s’est développé autour de Nittel Nakht, jouer aux
échecs est devenue le jeu traditionnel par excellence. Il y a même
une photo célèbre du dernier Loubavitcher Rebbe, Rabbî Menachem
Mendel Schneerson, jouant aux échecs avec son prédécesseur
(quoiqu’on ne sache pas vraiment si la photo a été prise à
Nittel Nakht).
D’autres
préfèrent jouer aux cartes, comme la variante galicienne du poker
ou au « 21 », un jeu hongrois.
Découper
du papier-toilette pour le Shabboth. Certains Rébbé`îm
marquaient cette fête non juive en découpant du papier-toilette
pour chaque Shabboth qu'il restait avant la fin de l'année. Ce
n’était pas seulement une simple marque de mépris à l'égard de
ceux qui croient en la Sainte Trinité ; c’était la
manifestation d’un mépris profond. Les livres de la Qabboloh
considèrent le Christianisme comme un déchet qui s’est détaché
de la nation d’Israël. La coutume consistant à déchirer du
papier-toilette n’est tombée en désuétude que parce que de nos
jours, il est possible d’acheter du papier-toilette prédécoupé.
D’autres Rébbé`îm profitaient de l’occasion pour classer leurs
factures de l’année, calculant ce qu’il leur fallait mettre de
côté pour accomplir la Miswoh de la dîme.
Il y
avait des pogroms de toute façon. Il existe certaines raisons
cachées derrière la pratique inhabituelle qui consiste à ne pas
étudier la Tôroh à Nittel Nakht :
- Selon l’explication la plus rationnelle, la nuit de Noël, les juifs devaient fermer leurs synagogues et leurs lieux de culte, et éteindre la lumière chez eux, par crainte de pogroms.4 Avec le temps, l’obligation de ne pas étudier la Tôroh s’est transformée en idéologie.
- Comme le jour de la naissance de cet homme est un jour de deuil5, une sorte de Tish´oh Ba`ov en hiver, comme à Tish´oh Ba`ov, étudier [la Tôroh] n’est pas autorisée ce jour là.6 Pourquoi alors les Hasidhim s’abstiennent-ils de jeûner et de porter le cilice et la cendre ?7 Peut-être pour la même raison pour laquelle ils ont maintenu secrète la pratique de Nittel : par crainte de la colère des non Juifs.
- Jésus, comme cela est rapporté dans le traité Sanhédhrin8, était un des élèves de Rébbi Yahôshoua´ ban Parahyoh. L’interdiction d'étudier [la Tôroh] a aussi pour but d’empêcher de se souvenir ce jour là du droit qu’il avait d’étudier, et aussi afin que son âme ne puisse jouir d'aucune étincelle de transcendance après la mort.9
Nittel
orthodoxe. Le fait que les Grecs orthodoxes et l’église russe
fêtent Noël le 6 janvier est source d’une certaine confusion chez
les Hasidhim. Il
s’avère que cela ne leur donne pas le droit d'observer deux
Nittels et que les instructions sont que chacun devrait observer
Nittel le jour où Noël est célébré dans son pays d’origine. En
Galicie, Noël est célébré le 6 janvier. Les Hasidhim
de Belz [qui sont pourtant Galiciens] observent Nittel Nakht le 5
janvier, et on ne sait pas trop pourquoi. Aux États-Unis, selon une
décision du [dernier] Loubavitcher Rebbe, Nittel doit être marqué
la nuit entre le 24 et le 25 décembre.
Les
Qalippôth sont
hors de contrôle.
Il y a ceux qui sont certains que marquer Nittel Nakht n'a aucune
nécessité en Israël en raison de la sainteté de cette terre.
Rabbî Mordékhaï de la [Hasidhouth]
Slônîm a tranché qu'en Israël aussi les Qalippôth étaient hors
de contrôle, même à Jérusalem où il y a de nombreuses églises.
Malgré cela, les Safaradhim
et les Litvaqim n’ont jamais adopté cette coutume et étudient la
Tôroh tous les jours, même à Nittel.10
Se
souvenir de haïr le goy. Il y a quelque chose d’étrange à
s’abstenir d’étudier la Tôroh le soir où précisément les
forces du mal se renforcent. Car en fait, l’étude de la Tôroh
est, semble-t-il, d’après les juifs ultra-orthodoxes, la meilleure
réponse à ce phénomène. Nittel Nakht est en réalité une nuit du
souvenir de la persécution des juifs par les chrétiens et une nuit
où on doit se souvenir de les haïr, en conséquence de quoi tout le
reste ne serait pas si important. Et comme le disent les Litvaqim,
les juifs hassidiques ne rateront jamais une occasion d’éviter
l’étude de la Tôroh !
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Voici
à présent mes remarques.
Lorsque
vous demandez à un rabbin Hassidique pourquoi il ne faudrait
pas étudier la Tôroh la nuit de Noël, la réponse classique est
celle-ci : « La nuit de Nittel Nakht est attachée à
une grande impureté, où les esprits mauvais et dangereux rôdent
dehors, et il ne nous est pas permis de sortir afin qu'ils ne nous
nuisent pas. Et puisque nous devons rester à l'intérieur sans rien
pour nous occuper, on devrait étudier la Tôroh. Néanmoins, puisque
nous ne voulons pas que ces mauvais esprits reçoivent du Zakhouth
(mérite) par notre étude de la Tôroh, et étant donné que nous ne
pouvons sortir, nous faisons à la place d'autres choses
insignifiantes ».
C'est
un raisonnement lamentable ! Et une contradiction saute tout de
suite aux yeux.
Dans
toutes les Yashivôth, les rabbins nous enseignent qu'il est écrit
dans le Talmoudh que le monde ne subsiste que parce qu'il y a
toujours au moins une personne qui étudie la Tôroh à tout moment.
Si nous demandons à tout le monde de ne pas étudier le même jour
au même moment, le monde ne courrait-il pas à sa perte ?
Comment donc pourrait-on demander une chose pareille ? En outre,
le Talmoudh ne nous enseigne-t-il pas également que le remède à
tous les maux est précisément l'étude de la Tôroh ? Ces
mêmes rabbins Hassidiques ne sont-ils pas les premiers,
lorsqu'une série de catastrophes frappent la communauté juive, à
exhorter les Juifs d'augmenter leurs études de la Tôroh, car c'est
la meilleure arme contre de tels phénomènes ? Comment donc,
lorsqu'il s'agit de la nuit de Noël, nuit où ils prétendent que
les forces du mal se déchaînent comme jamais, peuvent-ils demander
à l'ensemble du peuple Juif de ne pas étudier cette nuit-là ?
Il
existe d'autres coutumes Hassidiques à Nittel Nakht qui n'ont
pas été mentionnées dans l'article susmentionné de Haaretz, comme
par exemple le fait de consommer de l'ail pour contrer les démons de
Jésus, réciter le ´olénou d'une voix très forte (puisque cette
prière a été composée contre l’idolâtrie), ou encore veiller
toute la nuit. J'en passe et des meilleurs !
La
coutume a, à l'évidence, commencé dans les communautés juives qui
vivaient parmi les Chrétiens durant le Moyen-âge. La veille de
Noël, les Chrétiens se saoulaient et erraient dans les rues afin de
violenter les Juifs et organisaient des pogroms. Cette nuit-là, ils
tuaient plus de Juifs que le reste de l'année.
À
cause de cela, les Juifs `ashkanazim ont appris qu'à Noël, il ne
fallait pas qu'ils soient vus dans les rues par les Gôyim ivres, et
ainsi ils ne seront pas tués. C'est ainsi que les `ashkanazim ne se
rendaient pas ni au Béth Midhrosh ni à la Synagogue cette nuit-là.
Et
comme toujours, lorsqu'une certaine pratique commence à se
perpétuer, non seulement on « oublie » l'histoire réelle
du développement de cette pratique, mais on ajoute même au fur et à
mesure des explications supplémentaires pour justifier son maintien,
au point que l'on finit par croire qu'il en a toujours été ainsi !
C'est ce qui s'est passé avec le fait de ne pas étudier la Tôroh
la nuit de Noël ! Et comme les Hasidhim
sont très à cheval sur la « Qabboloh » et tout ce qui
est « mystique », ils ont inventé toute une série
d'explications ésotériques (qui ne sont que de la superstition
primaire) quant aux raisons pour lesquelles ils observent Nittel
Nakht !
Si
j'étudie la Tôroh à Nittel Nakht, il n'y a AUCUNE chance que
les forces du mal gagnent le moindre mérite de mon étude !
En effet, l'étude de la Tôroh est la chose que les forces du mal
exècrent plus que tout au monde, car c'est le pilier le plus
important de notre foi.
L'homme/ange
avec lequel Ya´aqôv `ovinou ע״ה
s'est
battu représente le Yésér
Hora´. Comment se fait-il que ni `avrohom `ovinou ע״ה,
ni Yishoq `ovinou ע״ה,
ne furent attaqués dans leurs vies comme l'a été Ya´aqôv
`ovinou ? Le Hofés
Hayim ז״ל
a
dit que « Le Yésér
Hora´ se fiche de voir les Juifs faire la Sadhoqoh
et prier toute la journée. Tout ce qui lui importe, c'est que les
Juifs n'étudient pas la Tôroh ».
Ya´aqôv `ovinou est le
Patriarche qui représente la Tôroh. HaZa''l
nous enseignent que le monde repose sur trois piliers : Hasadh
(la bonté, la caractéristique de `avrohom `ovinou), ´avôdhoh (la
prière et la soumission, la caractéristique de Yishoq
`ovinou) et Tôroh (caractérisée par Ya´aqôv `ovinou). Sans le
pilier de Ya´aqôv, le pilier de la Tôroh, tout le Hasadh
et la ´avôdhoh du monde ne suffiront pas aux Juifs pour accomplir
leur mission.
L'histoire
démontre la véracité de cet enseignement : les communautés
qui insistaient à donner la Sadhoqoh
et construire des synagogues, mais négligeaient l'étude de la
Tôroh, sont à présent des institutions qui se sont assimilées et
sont moribondes. Mais celles qui se sont construites sur le troisième
pilier, celui de Ya´aqôv, celui de la Tôroh, sont restées fortes
et rattachées à leur héritage.
Si
l'étude de la Tôroh est donc la seule activité que ne peuvent
tolérer les forces du mal et qu'elle est le pilier le plus important
de notre foi, comment donc peut-on enseigner aux gens qu'étudier la
Tôroh à Nittel Nakht ferait gagner des mérites aux forces du mal ?
En outre, s'il n'y a personne pour étudier la Tôroh cette nuit-là,
comment le monde pourrait-il subsister ? Nos Sages ont été
très clairs sur le fait que le jour où aucun Juif n'étudierait la
Tôroh, HaShem ית׳
n'aurait
plus aucune raison de préserver le monde. Comment peut-on alors
demander à des centaines de milliers de Hasidhim
de ne pas du tout étudier la Tôroh la nuit de Nittel Nakht ?
Comment peut-on négliger, à cause d'un Minhogh, une injonction
biblique, à savoir, לֹא-יָמוּשׁ
סֵפֶר הַתּוֹרָה הַזֶּה מִפִּיךָ,
וְהָגִיתָ
בּוֹ יוֹמָם וָלַיְלָה,
לְמַעַן
תִּשְׁמֹר לַעֲשׂוֹת,
כְּכָל-הַכָּתוּב
בּוֹ:
כִּי-אָז
תַּצְלִיחַ אֶת-דְּרָכֶךָ,
וְאָז
תַּשְׂכִּיל « Ce
livre de la Tôroh ne délaissera pas ta bouche, et tu la méditeras
jour et nuit afin d'observer, de mettre en pratique tout ce qui est
écrit dedans ; car alors tu réussiras dans ta voie et tu seras
heureux »11 ?
C'est
pourquoi, la nuit de Nittel Nakht, bien que je ne serai pas dehors à
cause de la débauche et la violence dont nous sommes chaque année
témoins entre Noël et le Nouvel An (c'est une période où les gens
aiment se saouler, faire n'importe quoi dehors, se battent, ont des
accidents de voiture, etc.), j'étudierai la Tôroh, comme tous les
Témonim, les Litvaqim, les Hispano-Portugais, les Talmudistes, les
Talmîdhé
HaRamba''m et les Safaradhim qui ne se sont pas encore ashkénazifiés,
car pourquoi devrions-nous laisser les « forces du mal »
nous empêcher d'étudier la Tôroh ? En outre, malgré le grand
nombre de Juifs séduits par cette pratique Hassidique,
le monde subsiste par notre étude, pratique et dissémination de la
Tôroh.
Cette
année (et les suivantes), dîtes tout simplement « Non ! »
à Nittel Nakht.
1C'est
ainsi que l'on désigne les rapports intimes dans le couple
2Un
livre qui rapporte les coutumes des Hasidhim
Loubavitch.
3En
d'autres mots, les Juifs ayant abandonné la foi juive seraient des
descendants de Juifs ayant eu des relations sexuelles illicites le
jour de l'anniversaire de Jésus ! C'est pourquoi, pour éviter
de donner naissance à un enfant qui, plus tard, pourrait abandonner
la religion juive pour se convertir au Christianisme, les Hasidhim
s'abstiennent de s'accoupler la nuit du présumé anniversaire de
Jésus !
4Effectivement,
les Chrétiens avaient la coutume de faire des expéditions
punitives contre les Juifs lors des jours de fêtes chrétiennes.
5À
cause de tous les Juifs que les Chrétiens ont tué au nom de Jésus.
6En
réalité, il est permis d'étudier la Tôroh à Tish´oh Ba`ov,
pourvu que l'on prenne soin de ne pas étudier des passages joyeux.
C'est pourquoi, ce jour-là, on se focalise sur des passages et des
livres tristes, comme par exemple le livre de `ékhoh. Par contre,
étudier la Halokhoh est parfaitement permis à Tish´oh Ba`ov. Par
conséquent, affirmer, comme le font trop souvent des ignorants à
notre époque, qu'étudier la Tôroh est interdit à Tish´oh Ba`ov
est faux !
7Alors
que normalement, lorsqu'on prend le deuil, on doit jeûner, porter
un cilice et placer de la cendre sur son front.
8Ce
qui est complètement faux, car le Talmoudhh ne parle jamais de
Jésus. Il s'agit d'un autre Yéshou´ ayant vécu plusieurs années
avant le Jésus Chrétien
9Les
Hasidhim croient
qu'étudier la Tôroh le jour de l'anniversaire de la naissance ou
du décès d'une certaine personne permet à l'âme de cette
personne d'acquérir des mérites après sa mort. Par conséquent,
pour que Jésus ne puisse acquérir aucun mérite de leur étude de
la Tôroh, ils s'abstiennent d'étudier cette nuit-là
10Les
Yéménites, ainsi que les Hispano-Portugais, n'ont eux aussi jamais
accepté cette coutume de Nittel Nakht
11Yahôshoua´
1:8