mercredi 23 décembre 2015

Pourquoi le Hassidisme engendre la médiocrité ?

ב״ה

Pourquoi le Hassidisme engendre la médiocrité ?


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Beaucoup de gens écœurés par le comportement des Hasidhim se demandent souvent « Pourquoi le Hassidisme engendre-t-il tant de gens médiocres ? ». Cette question est légitime, au vue des choses très graves qui se passent dans ces communautés. Si nous analysons les actualités négatives impliquant des Juifs religieux partout dans le monde, dans plus de 90% des cas il s'agit de Hasidhim (trafic de drogue, pédophilie, non respect des lois du pays, blanchiment d'argent, escroqueries immobilières, propos haineux envers tous les Gôyim, arnaques aux allocations sociales, comportements plus que douteux envers les femmes, etc.). En outre, on peut aisément se rendre compte de l'ignorance et de la méconnaissance flagrante de ces gens-là. Ils ne connaissent pas la foi israélite, ses fondements, ses principes, ses enseignements moraux, le bon comportement sociétal à avoir, et encore moins la bonne pratique de la Halokhoh. Et pourtant, ils passent soi-disant toutes leurs journées à étudier les textes religieux et à prier (vu qu'ils ne font rien d'autres, et ne travaillent pas pour la majorité d'entre eux, ils ont le temps que la plupart des gens n'ont pas). Dans l'imaginaire de bon nombre de personnes, ils constituent l'élite du Judaïsme, les Juifs les plus « pieux » et fidèles aux traditions. Comment se peut-il donc qu'une telle communauté engendre autant de médiocrité chez ses membres, aussi bien au niveau comportemental qu'au niveau de la connaissance de la Tôroh ?

Bien sûr, de nombreuses réponses peuvent être apportées, dont certaines sont assez évidentes. Mais j'aimerai apporter ici deux éléments essentiels pouvant s'appliquer à n'importe qui, et pas seulement aux Hasidhim, ce qui rendra la discussion plus générale et nous permettra de tirer des leçons pratiques.

Le Ramba''m ז״ל a rédigé de très nombreuses lettres traitant autant de questions halakhiques spécifiques que de problèmes généraux qui lui étaient soumis. Dans une de ses lettres1, il écrit ceci :

Je vous ai déjà enjoint de connaître l'intégralité du livre2 et d'en faire le votre en l'enseignant à tout le monde. Le but de la rédaction du Talmoudh et d'autres ouvrages similaires est atteint par le Mishnéh Tôroh. L'objectif des Lamadhonim3, qui perdent leur temps dans les débats talmudiques, n'est que de devenir des experts dans l'argumentation, rien de plus. Cette expertise ne fut jamais le but des débats talmudiques, qui se produisaient accidentellement lorsqu'une déclaration avait plus d'une interprétation et qu'il fallait trouver la bonne. Le but principal du Talmoudh était, cependant, d'enseigner ce qu'on doit faire et ce qu'on ne doit pas faire. Ceci est clair pour quelqu'un comme vous.4 Tel est l'objectif de mon livre ; aider à mémoriser les règles qui se sont perdues dans l'argumentation du Talmoudh, permettant ainsi aux gens de consacrer leur temps au but ultime, à savoir, s'occuper des « grandes choses »...

Le Rov Yishoq Shélat (qui a rassemblé toutes les lettres connues du Ramba''m) explique que la dernière phrase de l'extrait susmentionné est une référence voilée au passage de la Gamoro` qui décrit les débats entre `abbayé ז״ל et Ravo` ז״ל comme étant de « petites choses », mais les discussions métaphysiques comme étant de « grandes choses ».

Cette lettre est intéressante, car elle nous permet de comprendre un problème énorme qui assaille le monde de la Yashivoh jusqu'à aujourd'hui, et qui est une des clefs de la médiocrité Hassidique. Toutes nos études religieuses n'ont qu'un seul et unique objectif : nous aider à trouver Dieu, la « grande chose ». Nous étudions et apprenons les Halokhôth qui nous enseignent comment mener nos vies d'une façon qui nous fait penser à HaShem ית׳ et aux choses existentielles. Or, dans les Yashivôth Hassidiques (je suis passé par-là), on a fait de l'étude du Talmoudh un exercice de sophistique (l'art d'utiliser des arguments fallacieux, spécifiquement dans l'!intention de tromper) et d'argumentation. Les gens n'étudient pas le texte pour déterminer quelle est la Halokhoh (puisque de toute façon, ils ne suivent pas la Halokhoh du Talmoudh mais préfèrent leurs Rébbé`im ou pseudos « Gadhôlé Haddôr »), ni pour connaître HaShem (puisqu'ils pensent Le connaître à travers la relation qu'ils ont avec leurs Rébbé`im, qui sont littéralement, à leurs yeux, des dieux vivants), et encore moins pour s'interroger sur les sujets existentielles (qui, pour eux, sont des futilités) ; ils étudient plutôt pour des raisons purement matérialistes (concurrence, etc), décortiquant le texte phrase par phrase pour bâtir leurs capacités d'argumentation et de sophistique. C'est ainsi que leurs études n'amènent pas au raffinement de leurs personnes mais les rendent ignorants des choses essentielles. Par la sophistique, ils légitiment ainsi tous leurs comportements : violer un petit garçon, cracher sur les pieds d'une femme, blanchir de l'argent, ne pas travailler, tromper sa femme, insulter les Gôyim, aller voir les prostituées, faire du trafic de drogue, etc., ne sont pas un problème, parce que si on s'appuie sur telle ou telle règle, cela peut être légitimé ! Ainsi, HaShem et le mode de vie productif et sain qu'Il désire pour nous ne sont pas le centre de leurs études ; ce qui leur importe, c'est comment utiliser ces textes pour se justifier et argumenter. De telles personnes ne peuvent que tomber dans les travers, excès et débauches qu'on leur connaît !

Les Houmrôth ne sont pas non plus un objectif du Judaïsme. Dans une autre lettre qu'il rédigea à l'adresse du Rov Yôséf ban Yahoudhoh (l'élève auquel il dédicaça le Môréh Navoukhim – Guide des Égarés), il discute de la réponse qu'il envoya au Rô`sh Yashivoh de Bagdad, le Rov Shamou`él ban `éli, concernant la réaction du R''i lorsqu'il a vu la position du Ramba''m sur le fait de voyager en bateaux de rivière le Shabboth. Le Ramba''m a en effet tranché dans son Mishnéh Tôroh5 que si c'était pour accomplir une Miswoh, un Israélite avait le droit d'embarquer sur un bateau le Vendredi et rester dessus même si le capitaine continue de sa propre initiative le voyage pendant Shabboth. L'Israélite n'est donc pas tenu de débarquer du bateau pour éviter de voyager pendant Shabboth. Et c'est à la condition que le capitaine soit un Gôy et que la majorité des passagers soient eux-mêmes des Gôyim (autrement, ce serait comme si le capitaine travaillait pour des Israélites, ce qui est interdit). Le Rô`sh Yashivoh de Bagdad écrivit au Ramba''m pour lui rapporter les insultes que le R''i avait proférées contre lui (notons pourtant que le Ramba''m s'appuyait sur l'opinion de Rébbi Yahoudhoh Hannosi` ז״ל, le compilateur de la Mishnoh, qui a clairement déclaré dans le Talmoudh6 que cela était permis). Le Ramba''m lui répondit de ne pas réagir aux insultes du R''i. Il lui expliqua que le simple fait de l'avoir défendu face au R''i et d'avoir adopté sa position avait diminué l'autorité du R''i, et c'est cela qui avait amené ce dernier a attaquer aussi vigoureusement le Rô`sh Yashivoh de Bagdad, Rov Yôséf et le Ramba''m. Puis, il poursuit en écrivant7 :

La question que vous posez, à savoir, « Où est la crainte des Cieux [dans un tel comportement] ? », ne sert à rien, car lui (le R''i) et d'autres personnes semblables qui sont plus éminentes que lui, même parmi ceux des générations antérieures, n'ont pour seule crainte des Cieux que des Houmrôth, tout comme c'est le cas des masses en général. Mais à leurs yeux, les obligations morales ne font pas partie de la crainte des Cieux. Ils ne font pas non plus attention à leurs paroles comme des hommes qui craignent les Cieux le devraient pourtant. Chez la majorité de ces hommes de religion autocrates, lorsque quelqu'un attaque leur autorité, tout d'un coup leur crainte des Cieux disparaît. Ne t'attends pas à ce que tous parmi eux soient comme Hanino` ban Dôsso` ou Pinhos ban Yo`ir8 ע״ה. Mais ne crois pas que tous ceux qui n'ont pas atteint leur niveau sont nécessairement dénués de crainte des Cieux.

J'ose espérer que vous avez compris la leçon fondamentale que nous transmet ici le Ramba''m, et cela explique parfaitement bien l'attitude des Hasidhim, qui mettent tout dans l'apparence et vivent sur des Houmrôth non mandatées par la Halokhoh pour se donner l'image de gens « pieux », « saints », et « religieux », alors que leur intérieur est pourri. Ces gens oublient qu'HaShem regarde au cœur, qu'un bon comportement envers son prochain, sa façon de parler, l'humilité, la pudeur, la sincérité, l'amour de la justice, de la paix et de la vérité, la raison et le bon sens, sont les marques de la vraie crainte des Cieux !

Voilà, entre autres, pourquoi il y a tant de gens médiocres parmi les Hasidhim et ceux qui ont été formés dans leurs institutions !

1Tashouvôth HaRamba''m, page 257 (dans l'édition Shélath)
2Il parle ici du Mishnéh Tôroh
3Ceux qui passent toutes leurs journées à étudier le Talmoudh
4La lettre fut adressée à un certain Rov Yôséf, qui était apparemment un homme très instruit
5Hilkôth Shabboth 30:13
6Shabboth 19a
7Tashouvôth HaRamba''m, page 308 (dans l'édition Shélath)

8Deux éminents Sages de l'ère de la Mishnoh, connu pour leurs bons traits de caractère envers les hommes
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