samedi 5 décembre 2015

Les femmes qui travaillent et écoles pour filles : clarification

ב״ה

Les femmes qui travaillent et écoles pour filles : clarification


Illustration : Une des premières photos de classes des institutions « Béth Ya´aqôv »

Cet article peut être téléchargé ici.

Ce Môso`é Shabboth j'ai eu un échange de courriels très intéressant et utile avec une de mes connaissances, qui m’interpellait suite à certains des propos que j'ai tenus dans l'article intitulé « Pour les ''Grands d'Israël'', voler de l'argent est préférable à aller à l'université ». Avec son accord, je reproduis ici cet échange, car cela m'a permis de clarifier ma pensée. Il est vrai que certains de mes propos initiaux peuvent prêter à confusion et amener à tirer des conclusions erronées.

J'en profite également pour remercier toutes les personnes qui réagissent, que ce soit pour exprimer le fait de ne pas être d'accord, pour m'encourager, ou encore faire des suggestions, ou demander des précisions. Je suis ouvert à toutes les discussions et les gens ne doivent pas hésiter à me faire part de leurs remarques.

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Eliyahou :

J'aimerai réagir par rapport à votre dernier article sur les études des femmes (qui m'a fait un peu "sursauter"! Bien que j'ai beaucoup apprécié la fin).

En effet, j'ai du mal à croire que HaZa''l auraient accepté des écoles pour femmes (même une école maternelle, puisqu'il me semble qu'à l'époque ce sont les mères qui apprenaient aux filles). Les études académiques pour les femmes religieuses sont clairement du féminisme.
Je ne pense pas que HaZa''l auraient accepté des femmes médecins etc...
Je ne pense pas non plus que le travail des femmes dont parle le Talmud soit autre chose qu'un travail subalterne (voir manuel dans la plupart des cas). Or aujourd'hui les études mènent à un travail dans le tertiaire pour les femmes religieuses (un travail de responsabilité, beaucoup plus masculin).
Je vais aller encore plus loin: je pense qu'il vaut mieux voler un goy plutôt que de laisser nos filles se faire assimiler à leur immoralité. Et si l'on redéfini les termes des propos du rav Steinman ainsi, ils sont beaucoup moins choquants. Mais ces mêmes Haredim finiront par mettre toutes leurs filles en universités, c'est toujours comme ça ; d'abord ils crient au scandale puis ils s'assimilent.

Pour le reste de vos remarques, je suis (pour la plupart) d'accord car vous pointez du doigt de vrais problèmes présent dans le monde haredi de nos jours.

Moi :

Cela pourrait vous surprendre, mais je ne suis pas en désaccord profond avec ce que vous dîtes :

  1. les écoles pour filles sont une innovation née avec l'accord du Hofés Hayim ז״ל. C'est lui qui donna sa bénédiction pour l'instauration des réseaux Béth Ya´aqôv. Jusque là, les filles Juives n'allaient pas à l'école, mais étaient éduquées par leurs mères à la maison. Donc, je suis bien d'accord sur le fait que cela n'aurait pas existé du temps de HaZa''l
  1. Je suis bien d'accord sur les métiers subalternes, et j'ai également précisé quart-temps ou mi-temps mais certainement pas plein temps. La place principale d'une femme est sa maison, et c'est donc plus là que dehors qu'elle doit passer son temps (sans pour autant qu'elle y vive comme si elle était en prison, comme le précise le Ramba''m ז״ל)

  1. Il est évident que lorsque le Ramba''m dit qu'une femme doit s'occuper, il parlait d'activités agricoles, manuelles et/ou d'activités artistiques et de travaux de couture, comme par exemple une femme qui confectionne des vêtements et les vend. Ce sont des activités en indépendant que l'on peut même faire de chez soi et permettent de se faire un peu d'argent. On ne peut donc pas dire que le travail des femmes est catégoriquement proscrit. De même, même si elle n'a pas d'activités pour gagner un peu d'argent, elle doit s'occuper par des activités dans sa maison, comme par exemple en faisant de la couture, du tricotage, etc.

  1. Tout cela étant dit, mes remarques se rapportaient essentiellement à la condition pitoyable des Harédhim. Dans de telles situations de misère, où les hommes ne vont pas travailler et n'ont aucune envie d'y aller (ce qui est un comportement pathétique), il est de loin préférable que la femme travaille pour ramener quelque chose à la maison, plutôt que de perpétuer ce cercle vicieux (même si l'idéal serait que ce soit l'homme qui travaille. Mais dans le cas des Harédhim, il est impossible d'attendre cela d'eux). Et sur ce point, je suis en total désaccord avec vous quand vous dites que voler un Gôy est préférable, une chose que nos Sages ont explicitement interdite, même UN CENTIME.
  1. Enfin, je n'ai pas encouragé les femmes à travailler. Je me suis arrêté à des situations qui peuvent justifier de le faire, comme dans le cas de couples qui ont énormément de mal à joindre les deux bouts. Il y a de nombreux cas dans la Gamoro` elle-même, comme Rébbi ´aqivoh ז״ל et son épouse, qui étaient si pauvres que les deux devaient travailler pour s'en sortir. Alors, je suis désolé, mais au vue de la condition lamentable de bon nombre de Harédhim, et sachant qu'il est une peine perdue d'attendre de ces hommes qu'ils fassent quelque chose de productif de leurs vies, il est amplement mieux de voir la femme suivre une formation et travailler que de mener une vie de mendiants, être un fardeau sur les épaules de la communauté, ou voler des Gôyim, une chose exécrable. Mais on acceptera de ne pas être d'accord !

Autrement, si une femme peut rester à la maison, ce qui est l'idéal, qu'elle y reste !

Eliyahou :

1°: Je ne pense pas que le Hafets Haim avait raison. On vit dans une époque très proche de l'époque grecque. Est-ce que nos Sages auraient autorisées une école pour filles à l'époque pour lutter contre l'assimilation? Je ne pense pas. On devrait plutôt se baser sur le Talmud pour ces innovations de "protection", car ils ont vécu ce que l'on vit aujourd'hui!

2°: Parfaitement d'accord!

3°: Je rajouterai juste que travailler en indépendant, c'est-à-dire avec sa propre entreprise, est peut-être trop masculin pour une femme. Mais je suis d'accord sur le principe.
4°: Je suis d'accord. Concernant le vol, j'essayais d'expliquer que les propos du R Shteinman ne sont pas si choquants et qu'il voulait peut-être exprimer la gravité de la situation en ce qui concerne les études pour femmes. On ne devrait bien entendu ni voler les goyim, ni même envoyer nos filles dans des universités. Ni l'un ni l'autre.
5°: Dans les situations des Haredim, la femme devrait travailler sans formation, même si de nos jours il est difficile de trouver un travail sans diplôme. Le problème est qu'ils ont un mode de vie tellement anti-juif (avec des hommes ne travaillant même pas), qu'une perversion en entraîne une autre... et leurs femmes doivent au final étudier. Moralité de l'histoire, un mauvais comportement en entraîne un autre. Je ne sais même pas si on doit essayer d'adapter la Halakha pour eux... Comme vous le dites vous-mêmes, ils sont très loin du judaïsme. Est-ce qu'on doit adapter la Halakha aux réformés pour leur autoriser de manger du poulet taref, au motif que c'est toujours mieux que de manger du porc? Je ne pense pas ! Laissons alors les Haredim où ils sont, c'est-à-dire loin du judaïsme. Est-ce parce qu'une situation est préférable que cette situation est forcément autorisée par la Halakha? Bien sûr que non. On essaie d'autoriser l'immoralité et les nouveautés avec une telle logique.

Moi :

Concernant les écoles, bien qu'il soit évident que cela n'aurait pas existé du temps de HaZa''l, nous avons aussi une Halokhoh de Dino` Damalakhoutho` Dino` (la loi du pays fait office de loi). Et il se trouve que dans bon nombre de pays dans lesquels nous vivons, inscrire ses enfants à l'école est tout bonnement une obligation de la loi du pays. Et nous devons nous y soumettre ou aller ailleurs. Mais nous ne pouvons pas nous reposer sur le fait que du temps de HaZa''l cela n'aurait pas été possible, puisque c'est aujourd'hui une obligation qui nous incombe en vertu des lois du pays.

Ainsi, en Belgique, la loi impose la scolarité de tous les enfants à partir de 5 ans jusqu'à 18 ans. Donc, les filles aussi doivent aller à l'école, et l'organisation du temps de HaZa''l n'a pas de pertinence ici.

En France, ce n'est pas la scolarité qui est obligatoire mais l'éducation, et il est donc plus facile d'élever ses enfants à la maison plutôt que de les mettre à l'école. Mais des parlementaires veulent faire changer la loi pour réduire les raisons valables pour lesquelles on pourrait permettre d'élever ses enfants à la maison, et les raisons religieuses n'en feront plus partie 'c'est ce que prévoit l'éventuel projet de loi). Donc même là, il y aura du changement. En outre, ça a beau être l'idéal, mais ce ne sont pas tous les parents qui sont capables d'enseigner à leurs enfants les matières requises par l'Éducation Nationale (car les enfants éduqués à la maison doivent régulièrement être inspectés pour tester leur apprentissage et maîtrise des matières exigées par l'Éducation Nationale. En cas de lacunes, ils auront l'obligation d'être scolarisés. Ce n'est donc pas si simple).

Il y a donc des choses qui sont dépendantes de la loi du pays, et nous n'y pouvons rien. C'est même une Halokhoh d'y obéir ou de s'installer ailleurs si ça ne nous plaît pas. Mais nous ne pouvons pas rester et violer la loi ! Ce serait un Hilloul HaShem !

Je suis d'accord avec tout votre point 5. Il est vrai qu'on ne devrait même pas adapter la Halokhoh pour eux. Et une ´avéroh en entraîne une autre dans son sillage, comme le disent nos Sages ! Dans le même temps, on ne peut pas non plus ne rien faire et laisser la situation se détériorer de la sorte. Ce qui rend la chose plus difficile encore est leur entêtement, ce qui fait qu'on ne peut rien obtenir d'eux et on est "contraint" de considérer que faire travailler la femme avec une formation est le "moindre mal", même si c'est très très discutable et je le conçois et le comprend totalement.

Eliyahou :

C'est sûr qu'il y a cette Halakha (de Dino` Damalakhoutho`). Mais ce n'est pas pour autant que c'est une bonne chose selon notre Halakha.

Et je pense sincèrement qu'il vaudrait mieux partir, car l'immoralité des occidentaux est si grande que nous pêchons rien qu'en vivant à leurs côtés. Mais cela est un autre débat.

Moi :

Je suis d'accord sur le premier point ! Moi-même je me dis que si j'avais des filles, j'aimerai qu'elles soient éduquées à la maison. Non seulement c'est l'idéal de notre Halokhoh, mais en plus les écoles Harédhim actuelles sont des armes de destruction spirituelle. Quant aux écoles non juives, n'en parlons même pas. Avec toutes ces aberrations de théorie du genre, d'enseignement de l'homosexualité et de l'athéisme à l'école, ça ne vaut même pas la peine !

Concernant le deuxième point, la question qui se pose est : partir, mais pour aller où ? De ce fait, même partir est une option quasiment irréaliste, malheureusement !

Eliyahou :

(Concernant les écoles pour filles et le travail des femmes) Merci. On est finalement quasiment d'accord.


(Concernant le fait de s'installer ailleurs) C'est vrai. Il y a certainement des endroits mais il faut bien étudier la question. L’Asie dans sa globalité est totalement neutre envers le peuple juif, on ne risque ni assimilation ni violences là-bas. Mais encore une fois, je peux me tromper car je n'ai pas bien étudié la question. Il y a peut-être d'autres endroits.

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En résumé :

Je clarifie donc ma pensée : je ne dis pas que les femmes devraient aller travailler, et je ne l'encourage pas non plus. Pour citer mon beau-père : « Il y a une solution toute simple au chômage : si les femmes restaient à la maison, il y aurait beaucoup moins de chômage ». Ce qu'il veut dire est qu'à l'époque, il y avait du travail pour tout le monde, car les hommes étaient quasiment les seuls sur le marché du travail, à l'exception de quelques métiers qui étaient exclusivement féminins, comme sages-femmes par exemple. Mais le fait d'avoir ouvert grand les portes du marché du travail aux femmes, et de les avoir mis, pour ainsi dire, en concurrence avec les hommes, multipliant ainsi la demande pour des offres limitées, cela a creusé le chômage. D'ailleurs, il est facile de constater et démontrer que les pays où les femmes travaillent le moins sont également ceux qui ont des taux de chômage bas. Cela ne plaira pas aux féministes, mais c'est un fait ! Ma conviction, et la position de la Halokhoh, est que les femmes devraient laisser les hommes travailler et pourvoir à leurs besoins, et qu'elles devraient s'occuper de leurs maisons et d'autres activités.

Tout cela étant dit, dans certaines situations bien particulières, je pense (et je peux tout à fait me tromper) qu'il est préférable qu'une femme travaille si le mari n'en est pas capable (ou dans le cas des Harédhim, que le mari ne veut pas travailler, ce qui est une attitude pathétique et totalement contraire à la Halokhoh, car c'est l'homme qui doit pourvoir aux besoins de sa famille, et non la femme) ou s'ils ont de grandes difficultés financières (comme, par exemple, le cas de Rébbi ´aqivoh et son épouse). Mais même dans de tels cas, il est préférable d'occuper une fonction subalterne, un quart-temps ou un mi-temps, de façon à ce que son activité professionnelle ne prenne pas le dessus ou soit à un même pied d'égalité que ses responsabilités vis-à-vis de sa famille et sa maison. Et si elle peut travailler de son domicile, faire quelque chose d'artistique, d'agricole, ou faire des travaux de tricot ou de couture, c'est encore mieux.

Concernant les écoles pour filles, c'est une innovation relativement récente qui a été soutenue par le Hofés Hayim. Traditionnellement parlant, les filles Juives n'étaient pas scolarisées et recevaient leur éducation à domicile auprès de leurs mères. Cela étant dit, la loi du pays impose de scolariser tous les enfants (c'est le cas en Belgique et d'autres pays), et des réformes sont en cours même dans les pays où la scolarisation n'est pas obligatoire (comme en France, par exemple). Nous sommes donc tenus de respecter ces lois (ou nous installer ailleurs, si elles ne nous plaisent pas).

Quant à l'université, aux hautes écoles et formations, je ne parlais que du cas complexe des Harédhim, où j'estime (et là encore, je peux me tromper) que c'est le « moindre mal » pour stopper l’hémorragie et mettre fin à ce cercle vicieux de misère qui accable ces communautés. Cela peut également s'appliquer dans quelques autres cas. Mais même sans approuver, je peux comprendre qu'avec les modes de vie actuels et toutes les incertitudes que l'on connait, certaines femmes soient tentées par des études supérieures. Encore une fois, ce n'est pas une approbation, mais une mise en perspective. Si une femme peut faire autrement, et éviter de passer par-là (car il existe des alternatives aux études supérieures, et les parents doivent aussi jouer leur rôle d'éducation et d'information), elle doit le faire.

Il ne faut pas oublier que l'idéal reste la femme au foyer (et c'est plus simple d'accepter ce rôle avec un mari qui travaille, pas comme chez les Harédhim), et même là, cela ne l'empêche pas de faire un petit quelque chose pour avoir quelques sous rendant les fins de mois plus simples (bien au contraire, c'est même bien pour une femme d'avoir une petite activité, même en étant femme au foyer, comme par exemple vendre des vêtements qu'elle a confectionnés, faire un travail artistique, travailler au champ ou à la ferme, confectionner des bijoux ou autres objets pour la vente, etc., comme l'explique le Ramba''m).


Qu'HaShem nous vienne en aide face aux grandes difficultés auxquelles nous sommes confrontés en cette génération !
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