ב״ה
Le
Dix Tévéth, nous jeûnons aussi pour la Tôroh
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Il
y a des jours où l'ensemble des Israélites jeûnent parce que
des calamités s'y sont produites, afin d'éveiller les cœurs et
ouvrir les sentiers de la repentance. Et cela sert de souvenir de
nos œuvres mauvaises et des œuvres de nos ancêtres, qui
ressemblent à nos œuvres actuelles, et qui ont causé à eux et
à nous ces calamités, car en se souvenant de ces choses, nous
revenons vers le bien, car il est dit2 :
« et ils confesseront leur faute et la faute de leurs
ancêtres ».
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יֵשׁ
שָׁם יָמִים שֶׁכָּל יִשְׂרָאֵל
מִתְעַנִּים בָּהֶם,
מִפְּנֵי
הַצָּרוֹת שֶׁאֵרְעוּ בָּהֶן,
כְּדֵי
לְעוֹרֵר הַלְּבָבוֹת,
וְלִפְתֹחַ
דַּרְכֵי הַתְּשׁוּבָה;
וְיִהְיֶה
זֶה זִכָּרוֹן לְמַעֲשֵׂינוּ הָרָעִים,
וּמַעֲשֵׂה
אֲבוֹתֵינוּ שֶׁהָיָה כְּמַעֲשֵׂינוּ
עַתָּה--עַד
שֶׁגָּרַם לָהֶם וְלָנוּ אוֹתָן
הַצָּרוֹת:
שֶׁבְּזִכְרוֹן
דְּבָרִים אֵלּוּ,
נָשׁוּב
לְהֵיטִיב,
שֶׁנֶּאֱמָר:
וְהִתְוַדּוּ
אֶת-עֲוֹנָם
וְאֶת-עֲוֹן
אֲבֹתָם
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Nous
voyons donc que notre repentance doit être axée sur ces œuvres qui
ont amené nos ancêtres et nous-mêmes à subir ces souffrances que
nous portons encore jusqu'à aujourd'hui.
Lorsque
nous tentons d'appliquer les paroles du Ramba''m, le jeûne du Dix
Tévéth présente une certaine difficulté. Lorsqu'on demande aux
gens la raison pour laquelle ils jeûnent à cette date, la réponse
classique qui est apportée est celle-ci3 :
Et
le Dix du [mois] de Tévéth : c'est le jour où le roi
Navoukhadhna`ssar le méchant campa contre Jérusalem et la
plaça sous le siège.
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וַעֲשִׂירִי
בְּטֵבֵת--שֶׁבּוֹ
סָמַךְ מֶלֶךְ בָּבֶל נְבוּכַדְנֶאצַּר
הָרָשָׁע עַל יְרוּשָׁלַיִם,
וְהֵבִיאָהּ
בְּמָצוֹר וּבְמָצוֹק
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Ce
jeûne commémore le jour où le siège de Jérusalem commença à
l'époque du Premier Béth Hammiqdosh. (Pour de plus amples
informations historiques, voir l'article intitulé « Le
Jeûne du Dix Tévéth ».) Il semble être difficile de
se rapporter à cet événement à notre époque, puisque l'exil qui
le suivi prit fin lors de la construction du Deuxième Béth
Hammiqdosh. Ce n'est donc pas un événement ayant encore la moindre
portée aujourd'hui, puisque les conséquences qui en ont résulté
prirent fin 70 ans plus tard. Notre exil actuel découle de toutes
les tragédies qui se sont abattues sur nous depuis la destruction du
Deuxième Béth Hammiqdosh, qui n'a aucun lien avec le Dix Tévéth.
Quelle douleur sommes-nous donc censés assumer qui découlerait des
événements du Dix Tévéth ?
En
fait, il y a d'autres raisons à l'institution de ce jeûne qui ont
des conséquences beaucoup plus pertinentes pour notre époque. Si
nous jetons un coup d’œil sur l'une des Salihôth composées
pour le Dix Tévéth (pour le lien entre réciter des Salihôth
et jeûner, voir l'article intitulé « Salihôth
et jeûnes »), nous trouvons une liste des tragédies
qui se sont abattues sur les Israélites durant le mois de Tévéth.
L'auteur de cette prière déclare : « Pour ces trois
événements j'ai institué un jeûne : [le huitième jour de
Tévéth,] le roi Grec m'a forcé à traduire la Tôroh en
Grec...J'ai été réprimandé le neuf...Et en ce jour fut arraché
le donneur de belles œuvres, ´azro` Hassôfér ». Le
troisième événement que l'auteur décrit ensuite est le siège de
Jérusalem, qui eut lieu le 10 Tévéth. En comprenant le lien entre
ces trois événements, nous comprendrons comment les effets du Dix
Tévéth continuent à se faire ressentir jusqu'à nos jours.
La
traduction de la Tôroh en Grec causa des dommages irréparables. La
Tôroh nous a été donnée dans une seule et unique langue. Les
nuances, subtilités et implications des mots particuliers choisis se
perdent dans une traduction. Les « 70 facettes de la Tôroh »,
dont ont parlé HaZa''l, ne peuvent être aisément vues ou
discernées à partir d'une traduction. En outre, lorsque quelqu'un
traduit un texte, il est contraint de choisir une interprétation
spécifique qu'il considère exprimer le mieux le sens des mots
originels. Les significations ou interprétations alternatives sont
écartées. C'est cet aspect de la traduction de la Tôroh qui fut le
plus nuisible. Cela donne la permission aux gens d'expliquer la Tôroh
comme eux l'estiment approprié, ignorant d'autres sens pertinents et
applicables qui sont également venus du Sinaï. Les enseignements
des Sages furent écartés, et les saintes paroles de la Tôroh
furent corrompues. Pour cette raison, un jeûne était justifié.
La
mort de ´azro` ע״ה
porta
un coup très dur à l'étude de la Tôroh également. Jusqu'à son
époque, l'écriture `ashourith que nous utilisons aujourd'hui dans
nos rouleaux de la Tôroh était inconnue des masses. Il y avait un
Séfar Tôroh rédigé dans cette écriture, mais il était gardé
dans le lieu le plus saint et réservé uniquement à un usage limité
pour les gens les plus érudits. Qui avait-il de si spécial sur
l'usage de cette écriture ? La façon de former les lettres et
les couronnes qui décoraient bon nombre de ces lettres
transmettaient des messages sur la compréhension du texte. ´azro`
savait comment comprendre la Tôroh orale à partir de ces lettres et
couronnes. Avant lui, la populace connaissait la Tôroh orale et des
aides dans le texte n'étaient pas nécessaires. Mais de son temps,
la populace devint moins experte dans ce domaine. ´azro` vit qu'une
mesure d'urgence était nécessaire pour préserver la continuité de
l'enseignement et la compréhension de la Tôroh orale. Nos Sages
nous ont dit que si Môshah Rabbénou ע״ה
n'avait
pas été choisi pour donner la Tôroh au peuple d'Israël, ça
aurait certainement été ´azro` qui l'aurait fait ; néanmoins,
c'est quand même lui qui a offert au peuple la sainte écriture
utilisée encore jusqu'à nos jours. Le décès de ´azro` marqua la
fin d'une ère. Pour cette raison, un jeûne était justifié.
Le
Ramba''m, dans les Hilkôth Malokhim, écrit que nous devrions
désirer la venue du Moshiah, pas parce que le statut des
Israélites changera pour le meilleur, ni parce qu'on pourra alors se
réjouir, mais plutôt parce que nous serons libres de nous adonner à
l'étude de la Tôroh sans distraction, ni empêchement. L'exil est
une période où nous sommes accablés de soucis et affligés par des
difficultés en tous genres. L'exil ne conduit pas à l'étude de la
Tôroh. Avec le commencement du siège de Jérusalem, notre exil a
réellement commencé. La splendeur de la Tôroh a commencé à se
faner. Pour la toute première fois de notre histoire, nous n'étions
plus dans les conditions optimales pour étudier la Tôroh. Nous
étions dans un déclin. Avec le décès de ´azro` quelques années
plus tard, la distance d'avec la méthode appropriée pour l'étudier
se creusa davantage. Avec la traduction de la Tôroh en Grec quelques
années plus tard encore, nous sommes tombés à un nouveau bas
niveau : non seulement nous étions en exil, mais nous étions
également confrontés à la nouvelle difficulté que présentait une
traduction de la Tôroh.
Les
trois événements que commémore le jeûne du Dix Tévéth partagent
un dénominateur commun : un déclin dans l'étude diligente de
la Tôroh, qui commença par le siège de Jérusalem et qui nous
poursuit jusqu'à nos jours. La peine découlant des événements du
Dix Tévéth qui nous assaille encore aujourd'hui devient donc très
claire. Nous devrions tous la ressentir. Nous devrions tous nous
rendre compte de la perte énorme que nous avons subie. Mais plus
important encore, nous devrions prendre à cœur les propos du
Ramba''m en nous remémorons ces événements, de sorte que nous
puissions nous repentir et nous améliorer dans notre conduite. En
d'autres mots, que nous puissions prendre la ferme résolution de
mettre fin à cette situation de déclin de l'étude de la Tôroh ! C'est
notamment ce que j'essaie de faire à travers les articles que je
publie sur ce blog.
Et
une des meilleures façons de connaître la Tôroh Écrite et Orale
dans son sens le plus proche de l'excellence, c'est notamment par
l'étude de la Mishnoh de HaZa''l et du Mishnéh Tôroh du
Ramba''m !
qu'HaShem
puisse accorder un jeûne léger à l'ensemble des enfants de notre
peuple !
1Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Ta´niyôth 5:1
2Wayyiqro`
26:40
3Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Ta´niyôth 5:2